dimanche 29 mars 2015

La Martinique, la Guadeloupe... et Louviers - Partie 2



La suite.





Après une petite pause larves - ou pas (même si rétrospectivement, j'aurais dû essayer, mais ça m'est passé de la tête), je reprends mon périple.


Deux étapes assez rapides ensuite.

Leur cuvée 20ème anniversaire.
Plantation pour commencer. Une demi-douzaine de bouteilles était en dégustation.
La gamme Plantation (Cognac Ferrand) est très large. Elle est divisée en deux, les bouteilles trouvables "partout" et leurs éditions limitées. Ils proposent en fait aux cavistes de créer des embouteillages venant de fûts uniques venant d'un peu partout dans le monde et créent ainsi une sorte d'exclusivité (étiquette noire, contre étiquette blanche pour les bouteilles "normales").
De manière générale, je trouve leurs rhums assez sucrés (parfois trop). Je connais déjà bien leur Guatemala et leur Jamaïque, que je trouve intéressants et agréables.
J'ai donc voulu en tester un autre : le Sainte Lucie. Et bien il ne fait pas partie des trop doux. Il est plus puissant, que ce soit en intensité gustative ou en impression d'alcool. Il offre la singularité d'être très empyreumatique (arômes brûlés, grillés, fumés...), ce qui est définitivement quelque chose qui m'attire.


Sainte Lucie à gauche et Sainte Lucie au centre
On continue avec un stand où étaient présents des rhums de traditions espagnole et anglaise, de différentes distilleries, distribués par Dugas.

Je connaissais la plupart des bouteilles proposées, avec par exemple l'Admiral Rodney (de Sainte Lucie aussi), qui est une de bouteilles qui, il y a quelques temps maintenant, m'a fait passer de rhums doux à des rhums plus boisés.
Mon choix s'est donc porté sur le 1931 (de Sainte Lucie, décidément...).
Peut-être en attendais-je trop, quoi qu'il en soit je n'ai pas été séduit, ne lui trouvant rien de particulier ou d'intéressant, sans être mauvais pour autant.


Pour finir cette tournée de dégustation, direction la table CBH, distributeur sur le territoire français de rhums de différentes parties du monde.
Il y a par exemple la gamme El Dorado. Provenant de Guyane Anglaise ou Guyana, ces rhums sont déclinés en plusieurs âges, le 12 ans, le 15 ans, le 21 ans et d'autres plus vieux, qui atteignent des prix très élevés. Je ne vais pas m'attarder sur Demerara Distillers Limited, qui est l'entreprise qui produit ces rhums ou sur le pays dont ils sont issus, je l'ai déjà assez fait sur ce blog en parlant des fameuses bouteilles Velier. Cependant, si vous êtes intéressés pour en savoir plus, je vous invite à lire le travail de titan publié à cette adresse :
http://barrel-aged-thoughts.blogspot.fr/p/the-demerara-distilleries-english.html
Prévoyez du temps, la quantité d'information (et donc les recherches menées pour les compiler) est tout simplement au-delà de ce que je peux imaginer !

Bref, je connais bien le 12 ans, puisqu'il s'agit de mon premier amour, un rhum assez sucré et très facile à boire.
Je dois à nouveau goûter le 15 ans, n'ayant pas une image très précise de son profil.
Je trouve ces bouteilles assez classes personnellement.
En revanche, j'ai pu déguster le 21 ans, pour la première fois, et je dois avouer avoir séduit. Comme un benêt, je n'ai pas pris de notes de dégustation sur celui-ci mais dans mon souvenir, c'est un rhum complexe, qui offre beaucoup de pistes gustatives différentes. Définitivement à tenter à nouveau dès que l'occasion se présente !

Il y a aussi le rhum de Martinique, récemment ressuscité : Héritiers Madkaud. La distillerie a fermé il y a de nombreuses années mais la marque a été reprise par les héritiers de la famille il y a environ 6 ans. Ils proposent pour l'instant un blanc et un VSOP (4 ans).
Nous sommes sur un agricole AOC, ce qui devrait donc me plaire.
Et le blanc confirme : un bon agricole où le jus de canne est bien présent et qui se caractérise également par des notes poivrées et épicées. Vraiment pas mal.
J'ai été un peu moins enthousiasmé par leur vieux, qui ne m'a pas "offert" grand-chose.
En revanche, étant donné la matière première, je dois dire être impatient de découvrir leur XO à sortir !


La Jamaïque très bien représentée !
J'ai fait l'impasse sur quelques stands, ne pouvant malheureusement pas rester trop longtemps.
Je ne suis par exemple pas passé (en tout cas pour déguster) à la table où quelques agricoles étant présents les connaissant déjà.

Je regrette un peu ne pas être passé voir la Compagnie des Indes, mais j'aurai l'occasion de les déguster j'en suis sûr.


Pour finir, un mot sur le Hampden (distillerie de Jamaïque) de chez Silver Seal : exceptionnel. Voilà c'était un mot.
Pour vous en dire un peu plus, c'est un rhum réalisé dans la tradition jamaïcaine, avec une fermentation très longue et une distillation sur des alambics.
Ces deux principes d'élaboration (ainsi que d'autres), créent un rhum d'une richesse hors du commun ; complexe, puissant, intense, long, original... TOUT pour plaire.

Merci à Florent pour l'échantillon que j'ai pu rapporter à la maison ! Je vais le savourer :)




C'est ainsi que s'achève mon aventure normande. La tête pleine d'expériences et de rencontres, bref, un moment très sympathique.

Et merci à ma femme qui, non seulement m'a conduit au retour, a pris les photos mais surtout m'a supporté tout le week-end ! :)





dimanche 22 mars 2015

La Martinique, la Guadeloupe... et Louviers - Partie 1



Il y a quelques semaines, un certain Florent me contactait pour me parler d'un salon de dégustation de spiritueux, qui se tiendrait dans la mégalopole normande de Louviers et m'invita à m'y rendre.

De bonnes têtes de vainqueurs :)

Louviers est une petite ville de l'Eure (en Normandie) qui se trouve à une centaine de kilomètres de Paris.
Depuis 4 ans, elle est le théâtre en mars d'un salon de dégustation de spiritueux, avant tout de whiskies mais également, depuis deux ans, de rhums.

Bref, je vérifie mon agenda de ministre, évoque l'idée avec mon allemande de femme et l'idée devient réaliste et concrète.
Rendez-vous est pris pour le dimanche 15 mars !


Et donc nous y voilà, dimanche dernier, en route pour Louviers. Après un épisode Rouennais sur lequel je ne m'attarde pas, pour ne pas passer pour un vil individu (oui je sais, en disant ça j’attise votre curiosité mais je ne dirai rien :p), direction Louviers à une trentaine de kilomètres de là.
On se gare un peu au hasard et je rentre dans un troquet pour demander mon chemin vers les Caves voûtées du Moulin, de sympathiques habitués hauts en couleur me renseignent ; on a de la chance, nous ne sommes qu'à 3 minutes à pieds.

Après une petite frayeur (pas moyen de mettre la main sur les tickets) et à l'aide de la technologie moderne (j'ai pu les retrouver dans mes mails sur mon téléphone), nous pouvons enfin pénétrer dans le bâtiment qui abrite l'événement.
A l'entrée, on nous attache un petit bracelet en tissu au poignet et l'on nous remet un calepin présentant les différentes marques, un stylo (ce qui s'est avéré fort utile pour prendre des notes, même si vous vous en doutez, un professionnel de ma trempe avait bien entendu tout prévu - ou pas :P) et bien sûr, un verre.


Le terme "cave voûtée" désigne en fait... une cave voûtée. De rien.
C'est parti !


Tout d'abord je dois parler du lieu en lui-même, vraiment super sympa et bien choisi. Les caves voûtées donnent un cachet certain et offrent suffisamment de place pour permettre à un grand nombre d'exposants de présenter leurs produits. Une vraie ambiance s'en dégage !


Je fais un rapide tour du propriétaire et repère quelques marques bien connues.


Je jette mon dévolu sur Mezan pour commencer et débute par leur Long Pond 2000. Long Pond est une distillerie de Jamaïque qui produit des rhums habituellement assez expressifs et complexes ayant une profondeur intéressante. Là je dois avouer être un peu rester sur ma faim, peut-être les 40% d'alcool qui lui coupent un peu les ailes. Pas désagréable pour autant mais j'en attendais sans doute trop, je plaide coupable.
J'aurais bien voulu en goûter un ou deux autres mais pour une raison dont je ne rappelle pas (non je n'étais pas - encore - pompette) j'ai quitté leur stand.
Quoi qu'il en soit, j'ai entendu dire qu'il n'était impossible que Mezan sorte des bruts de fûts à l'avenir, voilà de quoi relancer mon intérêt pour cette marque.


Un peu plus loin je repère un grand barbu de ma connaissance et vais lui présenter mes respects. On papote un peu et il me parle des différentes distilleries représentées au salon. J'apprends qu'il travaille en fait sur le salon et s'occupe des rhums de tradition française distribués par Dugas (Trois Rivières, La Mauny ou encore Séverin). Rien qui m'intéresse - car je les connais déjà - sur ce stand, mais une sélection variée de blancs et de vieux présentant une belle variété de rhums des Antilles Françaises, parfaite pour faire découvrir nos rhums.
Il m'indique également où trouver le Bar aux Curiosités où se trouve Florent (oui, celui-là même qui m'avait contacté quelques semaines plus tôt). Ce sera ma prochaine étape.

Une étagère comme on aimerait en avoir chez soi :)

Je commence à jeter un œil à l'imposante étagère remplie de merveilles en tous genres, un très beau florilège de spiritueux : whiskies, rhums, mezcals... !
Comme vous pouvez vous en douter, c'est la seconde catégorie qui attire le plus mon attention.

La voici !
Je vois quatre rhums que je n'ai pas encore eu l'occasion de goûter, dont le Montebello 1982 dans sa carafe à ruban rouge bien reconnaissable.

Un groupe de personnes discutent non loin de là, je me rapproche et pense identifier mon hôte, et en effet c'est bien lui. On y va de nos très originaux "Salut Florent", "Salut Laurent" et on commence à papoter. Il m'explique un peu comment l'organisation s'est passée, quels distilleries/distributeurs ont pu venir, ainsi que sa philosophie de partage dans ce monde des spiritueux.

Et là comme pour illustrer son propos, il me sert un verre de ce Montebello 1982. Qu'est-ce qu'il nous raconte ? Premièrement il faut savoir que c'est un traditionnel et non un agricole. Objectivement c'est un produit de qualité qui offre une certaine fraîcheur, qui vient donner du peps et une longueur impressionnante. Malheureusement pour moi, il présente aussi cette saveur de caramel brûlé qui me dérange parfois sur certains rhums de Guadeloupe.
Je sais qu'il plairait à certaines de mes connaissances mais moi, ce n'est pas mon truc ; un peu comme les vieux Damoiseau (d'ailleurs pas si loin de celui-ci gustativement).


Après ce sympathique intermède, je repars dans la foule, pour aller y "picorer" les rhums qui m'intéressent, m'intriguent, que j'aime ou auxquels je veux donner une seconde chance.

Une bonne petite sélection ma foi
Etape obligée, de par la diversité de leur offre et la qualité des produits distribués : la table LMDW,
Pas question cependant de tout goûter, j'en connais déjà une bonne partie.

Premier arrêt : Rum Nation Barbados, que je ne connaissais pas.
Sans aucun doute, nous sommes à la Barbade, on reconnait bien ce profil typique avec cependant deux particularités. Tout d'abord, c'est doux ; pas liquoreux ou écœurant mais légèrement sucré et je ne trouve pas que cela colle (à cause du sucre peut-être :p) avec la typicité Barbade. En revanche j'apprécie plutôt ce côté torréfié habituellement absent des rhums issus de ce pays. Au final un rhum pas mauvais, qui plaira à certains mais auquel je privilégierai par un exemple un R.L. Seales.

Second arrêt : Savanna 5 ans.
La maison Savanna se trouve à la Réunion et est une distillerie qui sort un nombre insensé de rhums différents : des traditionnels (à base de mélasse), des agricoles (à base de jus de canne), des grands arômes (un temps de fermentation long), des finitions (quelques mois passés dans des fûts ayant contenu d'autres alcools après le vieillissement principal), des bruts de fûts (le rhum étant mis en bouteille à son degré alcoolique naturel de sortie de fût)...
Je ne connais pas encore bien ce qu'ils font et je le regrette, il va falloir que je mette les papilles sur des bruts de fûts et des grands arômes. Si vous voulez en savoir plus sur Savanna, foncez là :
http://durhum.com/distillerie-savanna/
Les cheveux gris viennent d'un défaut de l'appareil photo bien entendu

J'ai quand même (re)goûté leur traditionnel 5 ans d'âge, une base dans leur gamme. Bon et bien je n'aime toujours pas ; pour moi la principale caractéristique gustative de ce rhum c'est le plastique brûlé (que je retrouve sur plusieurs rhums de la Réunion et auquel je ne me fais pas).
Cela ne me rebute absolument pas pour le reste de la gamme, d'autant moins quand j'entends le plus grand bien de certaines de leurs bouteilles.

Troisième arrêt : Clarin Sajous batch 2.
Déjà dégusté lors du Whisky Live en fin d'année dernière.
Je vous ai déjà parlé des clairins, ces rhums haïtiens on ne peut plus naturels, tout étant réalisé à l'ancienne.
Trois clairins sont trouvables par chez nous, tous trois sélectionnés et distribués par Luca Gargano qui est allé sur place, a visité bon nombre de distilleries et a choisi les trois plus intéressantes pour nous en faire profiter, ici en Europe.
Il y a déjà eu deux "batchs" (deux millésimes en quelque sorte), un en 2012 et un en 2013 pour chacun des trois (Sajous, Vaval et Casimir). Il s'agit ici du clairin Sajous 2013.
Je l'avais beaucoup aimé dans sa version 2012, très fraîche, sur le jus de canne et les agrumes.
Son petit frère est moins net, moins précis. Il se rapproche un peu du Vaval batch 1 mais sans être aussi attractif à mon goût. Il reste très expressif, trait commun à tous les clairins et reste un très bon rhum. Si vous n'avez jamais dégusté ces clairins, foncez, ils valent le détour.



To be continued...



dimanche 8 mars 2015

"Tâter le cul des vaches" au Salon de l'Agriculture - Bonus

Mon salon de l'agriculture côté rhum ne s'est pas réduit à ce que je vous ai raconté la semaine dernière.


Comme vous pouvez l'imaginer, la plupart des régions de France étant représentées, les départements et les territoires d'Outremer ne sont pas en reste. Plusieurs stands offraient des mets des îles, solides et liquides :) Vous serez surpris d'apprendre que je me suis plus intéressé à cette dernière catégorie.


La Martinique
Deux types de stands nous étaient offerts, les deux proposant des bouteilles à la vente et des boissons à consommer sur place. Mais certains étaient clairement plus axés sur l'aspect bar, avec leur lot d'amateurs utilisant leur coude de manière intensive.
Les autres étaient plus là pour vendre des bouteilles que des verres, même s'ils proposaient tous des dégustations de leurs produits.

On retiendra dans cette seconde catégorie deux lieux dédiés aux rhums de Martinique, l'un proposant des rhums de presque toutes les distilleries de l'île dans une ambiance plus "feutrée", même si ce n'est sans doute pas exactement l'adjectif qui convient étant donné le monde amassé devant le comptoir...

Je ne m'y suis pas attardé mais j'ai bien aimé l'idée de leurs vitrines mettant en exergue l'intégralité du terroir martiniquais de par leur sélection de bouteilles.


Le second stand dans le même style était celui dédié à Clément et JM.
Une ambiance assez "remarquable" avec un groupe de joyeux lurons qui essayaient de démontrer leurs talents de choristes.
Clairement à voir le visage et le côté "métronome" de certains, je me suis laissé dire que les bons produits servis par les charmantes hôtesses n'étaient pas étrangers à cette soudaine vocation chantante (il était environ 13h00 soit dit en passant).

A retenir : une carafe JM 1845 à 80€ ! Un confrère n'a pas hésité longtemps avant de ranger cette bouteille dans son paquetage.



Ce que c'est bon !
Parmi les marques bénéficiant de leur propre espace, nous avions cette année Bielle, célèbre distillerie de Marie-Galante, étant souvent considérée comme la meilleure de l'île (qui a dit, de toute la Guadeloupe ?).

Ils proposaient, entre autre, cette année leurs nouveautés pas encore sorties en métropole dont le Brut de Fût 2007. Je vous ai déjà parlé du 2003, qui est tout simplement exceptionnel, même si je déplore sa récente augmentation de prix ; ça ne m'a pas empêché d'en racheter une après la disparition prématurée de la première (à laquelle je ne suis pas étranger).

Quoi qu'il en soit j'avais pu goûter cette version 2007 chez A'Rhûm et il m'avait bien plu. Plus boisé que le 2003 mais toujours de très bonne qualité. Quand j'ai vu le prix, je n'ai pas hésité longtemps ! A 60€, c'était vraiment une affaire et je ne me suis donc pas privé (oui j'aurais même dû en prendre plusieurs...).


A 530€, en revanche, je ne me suis toujours pas pris la carafe 1994 brut de fût... Un jour, un jour... Un jour ? Un jour !



Plein de jolies choses !

Pour finir j'aimerais parler d'une boutique présente sur le salon : Rhums et Cocktails.

Ils ont pour l'instant deux boutiques, une à Nantes et une à Brest mais ont déjà pour projet d'en ouvrir une troisième dans l'est de la France.

Outre leur très large choix de bouteilles, dont quelques raretés, telles que le Séverin 10 ans ou encore la Cuvée Princesse de Trois Rivières (qui a fait le bonheur de quelques confrères ;)), ce qui m'a bien plu c'est la gentillesse, l'amabilité et la passion du patron. Vraiment super sympa et disponible !


Si vous êtes d'un autre coin de la France et ne voulez pas attendre qu'une boutique ouvre vers chez vous, vous pouvez visiter leur site internet de vente en ligne à cette adresse, qui est pas mal foutu :
http://www.rhums-cocktails.com/





Si je devais conclure sur mon expérience "Salon de l'Agriculture", je dirais que ça a été très intéressant et sympa de découvrir, non seulement le concours général agricole, mais aussi le salon en lui-même, que je ne connaissais pas.

Je ferai mon possible pour y retourner l'année prochaine, pour à nouveau faire partie du jury rhums et je vais aussi élargir mes possibilités pour aller déguster et juger d'autres produits, parce que, par exemple, goûter plein de magrets séchés, et bien ça me botterait bien aussi :)



dimanche 1 mars 2015

"Tâter le cul des vaches" au Salon de l'Agriculture

Aujourd'hui s'achève la je-ne-sais-combientième édition du Salon de l'Agriculture qui se tient Porte de Versailles à Paris.

Et pour la première fois cette année, j'y suis allé, ma présence devenant un événement majeur de cette manifestation d'envergure ;)
En plus, non pas une mais deux fois !


Le mercredi, en famille, principalement pour aller voir les animaux, titiller les lapins avec de la paille, s'extasier devant des bœufs de plus de deux tonnes (oh, la belle bête) ou encore se pâmer devant les bébés cochons parce que, quand même, c'est drôlement mignon des bébés cochons.
Je dis "principalement" du fait que quelques ti punchs et autres planteurs y sont passés, il ne faut quand même pas déconner :)


Mais ce qui m'amène à écrire cet article c'est mon expérience de la veille, le mardi 24, au matin.

En effet, deux mois plus tôt, j'avais décidé de tenter ma chance pour faire partie du jury du Concours Général Agricole. Vous savez, ces gens qui mangent de l'andouillette, du fromage de tête voire des tripouillettes (mot totalement inventé par moi mais je voulais un mot de trois syllabes se finissant en "ette" :P) et qui décernent des médailles aux meilleurs de ces produits.
Et bien ces gens font la même chose avec le rhum, et là ça m'intéresse tout de suite beaucoup plus (attention j'aime beaucoup l'andouillette aussi !).

J'ai donc dû remplir un formulaire de candidature dans lequel j'ai fait tout mon possible pour me vendre :
"Je suis passionné... J'ai plein de bouteilles... J'ai un blog..." Tout ça, tout ça.

Après quelques jours d'attente, je reçois un email : vous avez été retenus pour être juré au concours Rhums et Punchs du mardi 24 février à 9h30. Alors oui, ça peut sembler un peu tôt pour boire du rhum mais en fait ça ne passe pas trop mal et comme on dit "Si tu bois du rhum le matin, tu n'es pas un alcoolique, tu es un pirate".
Et plus sérieusement les papilles sont plus vierges et pas influencées par les différents aliments ingurgités tout au long de la journée (même si manger un petit quelque chose au petit déjeuner est grandement recommandé avant d'entreprendre une telle dégustation !).

Fermés
Quoi qu'il en soit, je suis bien content de pouvoir découvrir quelque chose d'inédit.


Après plusieurs semaines d'attente et un jour de congé posé, me voilà fin prêt à participer à l'événement.

J'ai de la chance, j'habite à cinq minutes à pieds du centre des expositions ; je m'y rends donc tranquillement, direction le Hall numéro 2 où tout va se passer.


A peine arrivé, je reconnais plusieurs confrères et on se rassemble naturellement pour papoter tout en faisant la queue pour recevoir notre badge et quelques petits cadeaux.
C'est avec une enveloppe pleine de petites choses sympathiques en main que nous attendons le début des hostilités. Il y a, entre autre, le badge qui permet d'accéder à l'espace de dégustation sur lequel est indiqué le numéro de la table à laquelle chacun est assigné, et qui déterminera donc le type de produit à tester, mais je vais y revenir.
Ouverts
Après quelques minutes, mouvement de foule : les portes sont ouvertes. On y va !

Je découvre l'espace dédié et me fraye un chemin entre les tables où différents pâtés et rillettes s'exposent fièrement (il n'y a pas que le rhum qui sera jugé ce matin) et arrive en vue de tables recouvertes de bouteilles toutes identiques par la forme mais certaines remplies de rhum blancs, d'autres de rhums vieux ou encore de rhums arrangés/punchs.
Je peux vous dire qu'à ce moment-là, je n'espère pas me retrouver à devoir goûter des punchs. Ce n'est pas que je n'aime pas ça mais cela m'enthousiasme clairement moins que le rhum et devoir tester entre cinq et huit produits sucrés (voire hyper sucrés) ne m'emballe pas outre mesure.


Bref, je pars en repérage afin de trouver ma table, la RHU-18. Je ne tarde pas à tomber dessus et ai la bonne surprise de me trouver devant des rhums blancs (j'étais tout aussi intéressé par tester des rhums blancs que des rhums vieux). En revanche il n'y a que quatre bouteilles, alors que la plupart des tables alentour en ont plus, jusqu'à une dizaine dans certains cas.
Je regarde les bouteilles de plus prêt et peux y lire, outre le numéro de la table et le code d'identification de la bouteille, la catégorie à laquelle ces rhums appartiennent : "Rhum blanc agricole avec indication géographique de 59°". Ah !

Les concurrents dans les starting blocks !
Qu'avons-nous en face de nous ? Premièrement, comme je l'ai dit, un rhum blanc. Ensuite, et heureusement pour moi, c'est un agricole, les blancs de mélasse étant rarement très intéressants (même s'il y a des exceptions). Pour ce qui est de la mention "indication géographique", j'imagine qu'il s'agit de rhums tous issus de la même région. Et enfin, ils titrent à 59° d'alcool. Là immédiatement je pense Marie Galante ; c'est à ma connaissance le seul endroit où sont produits des rhums de ce degré. Problème : il n'y a que trois distilleries sur l'île, et nous avons quatre bouteilles sur la table, étrange.

Je pose mes affaires et vais faire un tour des tables pour voir là où mes connaissances sont assignées. Il y a un peu de tout : rhums blancs non agricoles, rhums blancs agricoles AOC, rhums vieux agricoles de plus de 4 ans, punchs ananas, shrubbs... Il y en a pour tous les goûts.

Je retourne à ma place (non sans m'être moqué du confrère, qui va devoir goûter sept rhums arrangés d'affilée :P) et je vois que ça s'est rempli : mes cinq co-jurés sont arrivés.
Afin de briser la glace, nous faisons un tour de table des présentations et je me rends compte que nous avons un panel très varié et à la fois très complet : trois amateurs avertis (dont moi), un connaisseur en armagnac et en pelardon (si je me souviens bien) - oui le fromage - une spécialiste des rhums français de par son poste au sein d'un organisme étatique dédié aux DOM TOM et enfin un expert ayant un rapport encore plus direct avec le rhum du fait de son implication directe avec l'AOC Martinique.

On parle, on parle, un des commissaires du concours passe à notre table et nous rappelle comment la dégustation va se passer ; on parle, on parle, toutes les autres tables entament leurs premières bouteilles et nous... on parle :D

Ce n'est encore que quelques minutes plus tard que nous allons finalement nous atteler à notre tâche. Et justement cette tâche, en quoi consiste-t-elle ? Chacun des rhums va être testé et évalué par chacun des jurés sur cinq critères : couleur, limpidité, impression olfactive, impression gustative (1ère impression), impression gustative (longueur). Chacune de ces caractéristiques se verra attribué une "note" sur cinq (de insuffisant à excellent) et le rhum recevra une note globale sur vingt. Ces notes sont individuelles, chaque juré décidant selon ses propres goûts, expérience et préférences de l'évaluation à donner.
J'insiste sur la notion d'évaluation personnelle. Il est extrêmement difficile de ne pas se laisser influencer par les commentaires des autres sans même nécessairement s'en rendre compte. Un peu à la manière d'un arôme que l'on détecte (ou que l'on croit détecter) uniquement parce que quelqu'un l'a mentionné. Un tel "phénomène" aurait la fâcheuse conséquence d'uniformiser les appréciations et notations des uns et des autres.

Il est à noter que déguster des rhums "sérieusement" est nettement plus compliqué, quand au même endroit, il y a aussi une dégustation de saucisse de Morteau. Parce que c'est bon la saucisse de Morteau mais ça sent drôlement fort le fumé... ^^

Gros plan sur les étiquettes (et des arrangés dans le fond)
Une fois les quatre rhums dégustés (nous avons de l'eau, du pain et des crachoirs pour aider nos papilles), le président de la table, désigné au préalable de manière collégiale, va recueillir les notes sur 20 et faire une moyenne. Nous voilà donc avec un classement. Nous pouvons alors décider si nous souhaitons donner une médaille (ou plusieurs mais la limite est normalement fixée à 30% du nombre de bouteilles en lice, dans notre cas, nous ne pouvions donc donner qu'une médaille) ainsi que son métal. Il est donc tout à fait possible de ne pas attribuer de médailles si le jury estime qu'aucun des produits ne le mérite.

Une fois ce choix difficile effectué (toute la table doit être d'accord), le président recueille et synthétise les commentaires des uns et des autres afin de donner un feedback au producteur.



C'est avec le sentiment de devoir accompli que nous nous séparons, non sans de chaleureuses poignées de main et que nous partons chacun de notre côté retrouver nos connaissances afin de recueillir leurs impressions et ainsi rendre cette matinée encore plus enrichissante :)