dimanche 28 février 2016

Les dégustations : une transversale de blancs purs jus de canne


Laissez-moi vous faire le compte-rendu d'une soirée passée à déguster divers blancs de Guadeloupe mais surtout de Martinique.

L'offre de rhums blancs pur jus de canne est de plus en plus grande sur le marché. Que ce soient les blancs "basiques" ou les hauts-de-gamme (avec du millésime, du monovariétal, du degré différent, de la carafe...).
On entend beaucoup parler depuis  quelques temps de ces rhums blancs premiums destinés à la dégustation plutôt qu'à la réalisation de cocktails (ti-punch en tête).

Il y a quelques mois je m'étais justement livré à l'exercice de comparer différents rhums blancs "agricoles" premiums et vous avais montré la photo des différents concurrents.
Mon frère (camarade de dégustation) et moi avions été le plus emballés par le HSE Titouan Lamazou (version 50%, qui malheureusement ne se trouve plus, elle a été remplacée par une version à 40%), puis par le Longueteau Parcelle n°9. Dernier du classement le Bologne Black Cane, qui m'avait pourtant plu lors du Rhum Fest de l'année dernière.

Dans le désordre.

Bouteille originale
Quoi qu'il en soit, pour cette seconde dégustation sur le même thème, nous avons fait une sélection de six rhums un peu plus hétéroclite, entre haut-de-gamme et basique. Je vais vous en parler dans l'ordre de dégustation que nous avons suivi.
Je m'excuse par avance pour la plupart des photos, qui ne sont pas de moi :(


Pour commencer le La Mauny Ter Rouj'. Nouveau venu chez La Mauny que j'avais pu goûter lors du Salon Dugas. C'était l'occasion cette fois d'y retremper les lèvres dans de meilleures conditions.
Au nez, je reste sur cette impression d'un rhum pas trop frais et pas trop porté sur le jus de canne. Il a un côté réglisse assez prononcé ainsi que des arômes d'agrumes (citron jaune). Après un moment des notes florales deviennent très présentes.
En bouche, l’alcool est assez discret (rappelons qu'il n'est "qu'à 45°") et c'est plutôt doux. La canne est ici plus présente tandis que le citron demeure et que la réglisse devient anis.
La finale est sur la canne et le citron. Les arômes floraux reviennent.
Moins intéressé que lors de la découverte de ce rhum, je suis un peu déçu. 
Pas mal du tout


On enchaîne avec la Cuvée Castelmore des Héritiers Madkaud.
Au nez une certaine rondeur et une impression d'avoir en face de soi le jus de canne fraîchement pressé plus que sa version distillée. Il change et devient un peu terreux (ce qui n'est pas négatif). La relative fraîcheur diminue encore au profit de notes florales.
En bouche, il nous offre un bel équilibre et se situe principalement sur le jus de canne (l'habituel cette fois). Il n'est pas dénué d'une très légère douceur.
La finale est plutôt longue sur des arômes de canne, des arômes terreux et des notes de feuille de canne sèche.
Celui-ci était bien plus à notre goût que le précédent.
De bons blancs


La Guadeloupe ensuite et le Longueteau 50°.
Voilà un beau nez, équilibré et gourmand. Il nous propose du jus de canne, du sucre de canne, de légères notes de citron vert et un peu de poivre. Fraîcheur et gourmandise. Après un moment la fraîcheur (qui devient un peu acidité) prend le dessus.
En bouche, l'attaque est très légèrement sucrée et l'arôme dominant est la canne à sucre. Il manque un peu d'intensité.
La finale est moyennement longue, principalement sur des notes végétales et terreuses.
Pas mal du tout, dommage que la bouche et la finale ne soient pas au niveau du nez cependant.
Surprise !


On revient en Martinique, chez Depaz et leur blanc à 50°.
Au nez, il est très clairement sur cette typicité rhum blanc à base de jus de canne. Cependant ses notes beurrées et poivrées le rendent encore plus intéressant. Une légère impression florale s'en dégage également après quelques instants (qui reste assez discrète). Il n'est pas vraiment gourmand et plutôt "droit".
La bouche est aussi dominée par le jus de canne. Il est sec et pourtant très légèrement sucré. Il est vif et explosif. Bref, une belle bouche, bien équilibrée et intense.
La finale est longue sur la canne (encore une fois) et les agrumes (pamplemousse puis citron)
C'est celui qui nous a le plus plu !
Et soit dit en passant, c'est aussi le moins cher de cette sélection :)


Toujours une à la maison
On continue avec un classique (pour moi en tout cas), le Cœur de Canne de la Favorite.
Avant tout il mérite qu'on y laisse le nez quelques secondes pour bien en sentir les parfums. Le jus de canne est l'arôme principal même si des notes plus végétales, sèches, s'en dégagent. Une légère impression huileuse est également présente.
Il est agréable en bouche, et est caractérisé par une légère douceur. C'est là aussi le jus de canne qui domine ; il est complimenté par une légère pointe de poivre. L'alcool est présent mais bien équilibré.
La finale est longue sur... le jus de canne, ainsi que les agrumes, ce qui lui permet de garder de la fraîcheur.
Il fait le boulot :)
A noter que de manière surprenante, il se trouve entre 20€ et 35€.

Une bien belle carafe

Nous terminons avec le Clément Colonne Créole, que je n'avais encore jamais goûté.
Voilà un nez atypique ! Un poivre bien présent et un côté surprenant pain d'épices. Il est sec et offre aussi des arômes végétal et terreux. Un côté frais, citronné, se développe. Dans l'ensemble, même après un temps passé dans le verre, il reste assez "fermé".
La bouche est plus classique que le nez, avec le jus de canne à sucre. Il est assez sec et pas désagréable mais demeure simple.
La finale est aussi assez classique sur la canne et le poivre. Après un moment les notes terreuses reviennent.
Un rhum qui a son identité (en tout cas au nez) mais qui ne nous a pas convaincu.




Résultat des courses, ce Depaz termine premier, suivi du Castelmore, qui devance d'une très courte tête le Longueteau et le Cœur de Canne. Le Ter Rouj' et le Colonne Créole finissent derniers, respectivement 5ème et 6ème.

Une dégustation intéressante, qui met en lumière plusieurs choses (soit sur mes goûts, soit sur quelques vérités sans que ce soient nécessairement des surprises) :
- Premium ne veut pas dire meilleur
- La contenant n'a aucun influence sur le goût (oui je sais, La Palice n'est pas loin)
- Il y a d'excellents rhums à petits prix
- Les conditions de dégustation peuvent vraiment être importantes
- Je ne recherche pas, dans cette catégorie de rhums, les produits très singuliers et atypiques

Et bien sûr, pour savoir quelles sont nos préférences, la seule solution : goûter, beaucoup, encore et toujours (et pour ça les échantillons, c'est drôlement bien !).

Là aussi dans le désordre :p
  

dimanche 14 février 2016

Ces petites choses que l'on recherche... toujours



Il y a environ un an et demi, je vous avais parlé de ces rhums que je recherche ou plutôt que je recherchais à l'époque (non pas que j'ai tout trouvé...), ici-même.

Mais alors aujourd'hui, où en suis-je ?


Et bien j'ai pas mal avancé sur certains fronts et moins sur d'autres.

Les Daltons de 1979
Les millésimes 1979 pour commencer.
Voilà une catégorie où il y a eu du mouvement et où mes efforts ont payé. Que ce soient des contacts de particulier, des recherches sur internet ou encore des connaissances faisant jouer leur réseau, j'ai pu dégoter quelques jolies choses. Elles sont pour l'instant toutes fermées (si ce n'est le Malecon dont je vous parlais la dernière fois), puisqu'elles sont d'abord là pour être dans une collection. Je pense cependant ouvrir prochainement un La Mauny 1979 version carafe puisque j'en ai trouvé deux (et que je le sais être très bon, voire exceptionnel dans mon souvenir de chez A'Rhûm).

Il m'en reste malgré tout encore à trouver. Le Saint James et le La Mauny version bouteille (seconde version bouteille pour être précis ^^) sont normalement "dans les tuyaux" et devraient rejoindre mes étagères à merveilles d'ici quelques mois.
Une fois ces deux-là ajoutées à la collec, deux bouteilles manqueront toujours, le Depaz et la Favorite. J'ai vu le premier passer par-ci par-là mais jamais à vendre. L'autre en revanche - qui doit pourtant bien exister - demeure invisible.
Il y a ensuite deux jamaïcains de ma connaissance mais j'ai donné la priorité aux rhums de Martinique ; on verra donc plus tard.


Quelques bouteilles des années 90
Passons maintenant aux Demerara de chez Velier, ces fameux Demerara par Velier.
Si ce n'est les nouveaux embouteillages sortis, dont je me suis procuré une bouteille de chaque, il reste bon nombre de vieilles bouteilles qui me manquent.
Dans la catégorie "bonne pioche", j'ai tout de même pu mettre la main sur quelques bouteilles pas si simples à trouver, dont ce fameux Versailles dont je vous parlais dans mon précédent article sur le sujet. Désormais la seule possibilité d'obtenir ceux qui me manquent, c'est avant tout d'avoir de la chance (et pas qu'un peu) et vraisemblablement de mettre la main au portefeuilles, un gros portefeuilles bien rempli... Parmi ces manquantes : Albion 1989, Diamond 1988, Enmore 1998, La Bonne Intention 1998, Uitvlugt 1985, des vieux Port Mourant et j'en passe...
Là aussi une bonne partie est encore fermée, il n'est pas nécessaire d'en avoir trop d'ouvertes en même temps (j'en ai déjà bu cinq et en ai quatre autres d'ouvertes).

Moins faciles à trouver celles-là (et complètement dans le désordre sur cette photo ^^)

Voilà ce qu'il est en est pour mes rhums "de collection", mais mes recherches ne s'arrêtent pas là - et heureusement - puisque je cherche aussi des rhums pour découvrir de nouvelles choses, approfondir mes connaissances et plus globalement prendre du plaisir :D


Une nouvelle catégorie a fait son apparition, les rhums de Martinique de 1998, réputée comme étant une des meilleures années. J'ai eu l'occasion de goûter plusieurs de ces millésimes et j'ai beaucoup apprécié le Trois Rivières (fût du Missouri) ainsi que le Saint James. Pour le HSE il y a deux versions, la 50cl et la 70cl, cette dernière, plus ancienne (et moins âgée, puisque restée moins longtemps en fût), est la meilleure si l'on en croit la sagesse populaire.
J'ai désormais ces trois bouteilles et j'ai vraiment hâte de découvrir ce que ce HSE me réserve, en ayant entendu tellement de bien !
Je n'ai pas tellement apprécié le JM 15 ans en revanche, qui n'a pas été à mon goût avec ses arômes de bonbon, et comme par hasard c'est le plus facile à trouver :P
Le Bally, maison dont je ne suis pas fan mais dont je n'ai jamais goûté de vieux millésimes (qui apparemment valent vraiment le coup), a lui aussi trouvé une place sur mes étagères, on verra s'il commence à me réconcilier avec cette marque.
Il nous reste le Dillon dont je possède juste un échantillon et, en gros, on a fait le tour.
Vous l'avez compris, je suis moins à l'affût et moins assidu sur ce millésime.
Il n'est pas impossible que j'y revienne plus en détails dans un futur article ;)

Oui, de ce que j'ai pu goûter, il y a quelque chose de remarquable sur cette année 1998


Je continue aussi mon exploration des rhums de Jamaïque, d'autant plus depuis que j'ai goûté, parmi d'autres, au Silver Seal Hampden 1993, qui est une merveille et qui donne un excellent exemple de ce que ce pays peut produire de plus excentrique et de meilleur. Le problème ce n'est pas de trouver des rhums de Jamaïque (même si certaines bouteilles sont rares) mais plus de s'y retrouver.
Il y a plusieurs distilleries, dont Hampden, Long Pond, Monymusk ou encore Worthy Park, et un nombre impressionnant de bouteilles d'âge et de degré différents. Mais pour compliquer le tout, il y a beaucoup d'embouteilleurs indépendants qui en ont à leur catalogue, Silver Seal, Samaroli, Duncan Taylor, The Rum Cask, Cadenhead's, La Compagnie des Indes, Mezan, Bristol Classic et j'en passe.
J'essaye tant bien que mal d'avoir un grand nombre d'expressions différentes de ces distilleries, soit en bouteille soit en sample, afin d'apprendre mais cela reste un travail de longue haleine (oui je sais, on a vu plus dur que labeur :P).

4 distilleries et 5 embouteilleurs différents. Et il y en a beaucoup d'autres...

Il y a enfin Caroni. Aaahh Caroni... Je ne vais pas vous refaire pour la quinzième fois le récit de la découverte de cette distillerie fermée.
Comme vous le savez (si vous êtes un habitué de mon blog), mes débuts avec ces rhums si particuliers de Trinidad n'a pas été facile et il m'a fallu du temps pour m'y mettre et faire l'effort (là aussi c'est relatif) d'explorer plus avant cette si particulière distillerie.
On pourrait se dire q'il est bien plus simple de s'y retrouver que pour les rhums de Jamaïque, du fait que nous parlons ici d'une unique distillerie. Mais voilà... Non.
Non seulement il y a un nombre tout aussi impressionnant d'embouteilleurs indépendants mais il y en a un en particulier qui n'aide pas. Il s'agit d'un petit embouteilleur italien dont je ne vous ai jamais parlé, une société génoise appelée Velier, dont le patron, un certain Luca Gargano (jamais mentionné non plus sur mon blog) s'est mis en tête de rendre extrêmement compliqué la possibilité d'y comprendre quoi que ce soit. Des dizaines d'embouteillages, des millésimes déclinés sur plusieurs bouteilles, des heavy rums, des light rums, des étiquettes identiques mais certaines en couleur et d'autres en noir et blanc... Bref un beau bordel !
Blague mise à part, il faut vraiment s'y pencher pour savoir ce que Velier nous propose, mais ça vaut le coup (et je vous dis ça en y connaissant que très peu de choses).

Quelques 5 embouteilleurs parmi beaucoup d'autres et au centre, bien sûr, Velier :)


Voilà pour ce petit tour dans mes étagères à malice. Si jamais je fais un troisième article, j'espère avoir à vous présenter plein de nouvelles et jolies choses ;)