dimanche 24 janvier 2016

Le Rhumaton, le retour - partie 2



C'est remis de mes aventures de la veille (dégustations matinales, digestion d'un demi bœuf et exploration du métro), que je me prépare pour cette deuxième journée. Avec donc comme points de chute : L'Adresse Gourmande aux Clayes sous Bois et A'Rhûm dans le 3ème arrondissement de Paris.

C'est parti !


Jour 2
Il va falloir que je déménage pour m'en rapprocher :)
Je ne pars pas les mains vides. J'avais dit à Jérôme (le patron de l'Adresse Gourmande) que je lui ferai goûter de Chantal Comte Plantation de La Montagne Pelée (Depaz) Hors d'Âge ; je la glisse donc dans mon sac. En chemin je passe devant une boulangerie qui propose des kuign amann individuels et j'en mets un en poche (enfi, dans un sac, dans ma poche, je tiens quand même à mon blouson :p).

Cette fois-ci je suis prêt et après un trajet d'environ 45 minutes, j'arrive enfin aux abords de ce lieu d'échanges et de plaisir (non, pas ceux-là, bande de gros dégoûtants...).
Je suis comme d'habitude très bien accueilli (tous les clients le sont) et l'on commence à se lancer dans une longue discussion ponctuée de dégustations, qui durera une heure et demi.
Soyez avertis : quand vous mettez un pied à L'Adresse Gourmande et que vous êtes un passionné, le temps s'écoule différemment, il passe beaucoup plus vite !
Des discussions captivantes sur des bouteilles et des distilleries, des dégustations variées et des produits au top (autant solides que liquides). Paradoxalement (ou pas), il faut savoir y prendre son temps. Pour apprécier pleinement ce que cette boutique et votre hôte ont à vous offrir, il ne faut pas être pressé, et c'est tant mieux.

Une partie des rhums...
Côté dégustation, je restais dans mon optique de trouver des bouteilles de qualité à prix modique et je me suis mis en tête de faire un tour du côté des rhums blancs (agricoles bien évidemment).
Beaucoup de très bons produits et un choix large. Parmi ceux que je veux goûter une nouvelle fois pour affiner mon avis, il y a le Bielle Canne Grise et le Fighting Spirit Blue de Chantal Comte. Seul le second est en dégustation mais sur les conseils du maître des lieux je lui laisse me verser quelques centilitres du rhum Toucan pour accompagner le Chantal Comte.
Je lui verse en parallèle un petit verre du Depaz tout juste sorti de ma besace (qui a été drôlement apprécié :)).

Je prends mon temps et apprécie les arômes de ces deux rhums pendant presque 45 minutes avant de les porter à mes lèvres. Le Toucan supporte la comparaison au départ, et j'ai redécouvert ce rhum agricole de Guyane Française. Cependant après un moment, il développe des arômes floraux - qui plairont à certains - que je n'apprécie pas trop sur les rhums blancs.
Le Figthing Spirit (distillerie du Simon en Martinique), lui, est resté sec, fruité, sur la canne bien sûr durant toute la durée de la dégustation, il ne "s'altère" pas.

Je n'ai normalement pas de remords à utiliser des rhums blancs premiums pour réaliser mes ti-punchs, et bien cela serait peut-être le cas avec celui-là.
Il est un peu cher puisque vendu chez les cavistes aux alentours des 45€, mais je dois bien admettre qu'il les vaut. Sans aucun doute un des meilleurs agricoles blancs sur le marché !

J'ai redécouvert le Toucan, qui n'est vraiment pas mal, mais le Fighting Spirit Blue est exceptionnel !
C'est quelques minutes avant de prendre congé, que je me suis retrouvé avec un nouveau verre dans la main. Un autre rhum blanc au nez plus que prometteur, un nez complexe et gourmand à la fois, frais et intense, un nez tout simplement exceptionnel. Malheureusement la bouche ne tient pas la distance, surtout au niveau de sa longueur, ses arômes disparaissant bien trop vite. Une impression mitigée donc sur ce rhum de Taïti, le rhum Mana'o. Bien content d'avoir pu y goûter après avoir lu pas mal de choses à son sujet. J'ai même pu repartir avec un petit sample, merci Jérôme ! :)

Mais tout ça ne nous dit pas avec quelle bouteille à petit prix je suis reparti. Eh bien, j'ai jeté mon dévolu sur le Bielle Canne Grise, qui m'avait fait forte impression lors du Whisky Live et que Jérôme m'a conseillé. Et je sais que tôt ou tard, j'aurai dans mon armoire à malices ce Figthing Spirit Blue !

Bon, ce n'est pas tout ça mais si je reste plus, je loupe mon train. Je prends donc congé en remerciant mon hôte pour tout et prends le chemin de la quatrième et dernière étape de ce rhumaton.


Une bonne heure plus tard, nous y voilà : A'Rhûm.

Vue tellement familière :)
Durant le trajet, je me rends compte que j'ai la dalle (le kouign amann a aidé, mais il me faut plus de gras et de sucre ! :D). Qu'à cela ne tienne, je rentre dans la boutique où je suis accueilli, non pas par Freddy mais par son vendeur.
Je lui explique mon idée de trouver un rhum petit budget mais typique d'une origine. Après avoir passé un bon nombre de rhums en revue, je me rends compte que ce n'est pas si simple ; il y en a que j'ai déjà, d'autres que je connais et je ne n'apprécie pas ou pas assez pour me les procurer.

La faim me rattrape et je demande s'il y a des endroits sympas où manger un morceau dans les environs. Sur ses conseils je me dirige vers le bistrot du coin. Je rentre et sur qui je tombe ? Freddy et Jean-Luc Braud, grand professionnel des spiritueux (et accessoirement le prof que j'ai eu pendant deux jours lors d'une formation sur le rhum en octobre dernier).
Je m'installe avec eux et participe gaiement à la conversation sur Rhum avec un grand "R" et tout ce qui peut tourner autour.
J'en profite pour commander une crème brûlée (oui ça n'aura pas été le jour des repas les plus équilibrés :D).

Des rhums commerce équitable !

Une fois que tout le monde a fini, nous retournons à la boutique. Alors que je m’apprête à m'obstiner dans les rhums à petits prix, le maître des lieux me parle du rhum Fair Belize 8 ans (brut de fût à 62%) créé exclusivement pour A'Rhûm. Il se trouve que j'avais pu y goûter quelques semaines auparavant en compagnie d'autres amoureux du rhum et qu'il m'avait plu.

Je cède donc bien volontiers à sa proposition de le déguster. Il ne sera pas seul, puisque je me retrouve également avec un verre du 10 ans juste à côté. Et alors que Freddy me parle de "son" rhum, je le déguste tranquillement. C'est bon et l'alcool est exceptionnellement bien intégré ! Il me fait part de son avis sur la similitude qu'il peut exister entre ce brut de fût de Belize et certains rhums de Guyane Anglaise dans la veine Velier, dont il est également grand amateur. Sur le moment, je n'ai pas vraiment ressenti ce lien qui aurait pu exister.
Mais le hasard a voulu qu'un collègue de travail me fasse goûter, à l'aveugle, ce rhum Fair, une semaine après mon passage chez A'Rhûm. Eh bien, j'ai d'abord pensé avoir affaire à un Guyana brut de fût... Comme quoi il sait de quoi il parle le Freddy :D

Vous ne serez sans doute pas étonnés de savoir que je suis donc reparti avec un bouteille, brisant ainsi la série d'achats de bouteilles à petits prix ^^



Au final, me voilà avec une belle série de rhums très variés, ainsi que quelques petites gourmandises ;)

Un bilan très positif et une expérience, que j'espère pouvoir renouveler d'ici dans moins d'un an :)

Le fruit de dures journées de "travail" ;)

dimanche 17 janvier 2016

Le Rhumaton, le retour - partie 1



Vous vous en souvenez sans doute, il y a presque un an et demi, je vous avais fait le récit de cette journée intense, dédiée à la visite de mes cavistes préférés.

Ce temps est assez lointain et je ne jouis plus du luxe de pouvoir passer des journées entières à écumer mes boutiques de prédilection. Il m'est déjà difficile d'aller en visiter un, c'est pour dire ^^

Oui mais voilà, le département dans lequel je travaille a eu la bonne idée de fermer une semaine entre Noël et le Nouvel An. Ma première réaction : "Ah ben merde, je manque déjà de jours de congé et en plus je suis forcé d'en utiliser cinq...". Mais après un moment, je me suis dit que cela serait l'occasion de passer du temps avec l'ex-occupant de la poussette et, pourquoi pas, de retourner chez quelques cavistes ;)

Et les cavistes, ce n'est pas ce qui manque. Impossible de tout caser sur une journée, à moins d'être tout le temps pressé et stressé. Un plan commence donc à germer dans mon esprit : étaler ces visites sur deux jours, l'un en compagnie de Roudoudou et l'autre sans.
D'ailleurs, voilà un autre obstacle à cette activité : mon fils est beaucoup moins accommodant depuis qu'il n'est plus dans sa poussette (à dormir :p). Bon, je le comprends, ce n'est pas passionnant d'être dans un endroit où rien n'est intéressant (sauf de potentiels biscuits ou un poisson rouge :)).

Passée cette entrée, de bonnes choses vous attendent
Parmi les boutiques dans lesquelles je souhaitais me rendre il y avait entre autre L'Adresse Gourmande, qui comme vous le savez, n'est pas la plus proche, je la garde donc pour le deuxième jour.
Je voulais commencer par Juhlès, car c'est là où je ne m'étais pas rendu depuis le plus longtemps. Pour finir, je me dis que je vais passer chez Christian de Montaguère le premier jour parce que juste à côté il y a deux boucheries super bonnes et je voulais manger une super entrecôte :D
Ce qui nous laisse donc A'Rhum pour le second jour.

Me voilà donc avec un plan !


Jour 1
Métro ligne 13, puis ligne 4 (la fameuse ligne du rhum :)) et un Roudoudou passionné par les tunnels du métro. On sort à l'air libre et on parcourt les quelques 300 mètres qui nous séparent de notre objectif.
Petite frayeur à l'approche de la boutique quand de loin j'ai cru qu'elle était fermée, fêtes de fin d'année tout ça. Mais non tout va bien. Je rentre et vois au fond de la boutique le sympathique responsable spiritueux que je connais un peu.
Une des premières choses qu'il me dit : "Je n'ai plus de Velier."
Alors oui, petite déception, je ne venais pas que pour ça mais avais un petit espoir. Pas grave, je scrute les étagères à rhums et remarque deux ou trois choses qui m'intriguent, et toutes en dégustation :)
Un rhum de Marie-Galante embouteillé par un embouteilleur indépendant pour commencer. Il s'agit d'un Bielle mis en bouteille par un vigneron, sous le nom de Saut de l'Ange (je crois mais je ne retrouve rien sur le net à son sujet, donc si je me plante et que vous avez le nom correct, n'hésitez pas ! ;)). Bref, pas mal. Je n'ai pas vraiment reconnu du Bielle cependant. La bouteille était presque vide et cela pourrait être intéressant d'y goûter à nouveau mais comme il s'agit d'un embouteillage assez confidentiel, ça risque d'être compliqué.

J'adore ces étagères, et pas uniquement pour ce qu'elles supportent :)
J'ai pu ensuite déguster ou redéguster quelques embouteillages de la Distillerie de Paris (donc de Juhlès). Si vous n'en avez goûté aucun, n'hésitez pas, certains sont atypiques et intéressants.
Cette fois-ci, mon choix c'est porté sur leur embouteillage jamaïcain, que j'ai trouvé pas mal. Un assemblage de plusieurs distilleries de l'île, typé jamaïcain sans être extrême. Un prix raisonnable (attention quand même il s'agit d'un 50cl), ça fera un cadeau pour la belle-sœur \o/
Ajoutez-y une discussion sur les enfants et sur le Cognac et voilà 45 minutes bien agréablement remplies et une première bouteille dans la besace.


Et c'est reparti pour la ligne 4, arrêt Saint Placide, destination finale : Christian de Montaguère.

Mais avant tout, passage obligé par une boucherie que j'affectionne énormément : Le Bourdonnec. Ce blog n'étant pas un blog sur le bœuf, je vais faire court. C'est un des rares bouchers qui travaille la viande maturée, une viande qui "pourrit" 90 jours dans une atmosphère particulière, ce qui développe son goût et la rend plus tendre. Une fois les parties vertes et bleues enlevées (oui je sais, ça ne fait pas forcément rêver ^^), le résultat est simplement hallucinant. Malheureusement, mais assez naturellement, il faut y mettre le prix. S'ils n'ont pas d'entrecôte de prête, vous trouverez votre bonheur parmi toutes leurs autres succulences ! :)
Mais voilà, ô tristesse, ils étaient fermés en cette dernière semaine de l'année... Heureusement, j'ai mon plan B, une autre boucherie, dans la rue de l'Abbé Grégoire celle-ci, plus traditionnelle mais à la qualité des produits irréprochable. À moi (ou plutôt "à nous" vu la quantité que Roudoudou en a mangé) l'entrecôte d'environ 600g, persillée à souhait.


J'avoue, je recycle cette photo d'un autre article :P
C'est donc équipé pour reprendre des forces au déjeuner, que je dévore les quelques mètres qui me séparent de la boutique de l'Art de vivre au Caraïbes. C'est Jerry qui m’accueille (c'est d'ailleurs lui qui m'avait parlé de cette seconde boucherie). On papote de choses et d'autres alors que je scanne les étagères à merveilles. Et je vois un rhum dont j'ai beaucoup entendu parler mais que je n'avais pas dégusté à ce jour, le Foursquare Port Cask Finish. Et juste à côté, de la même distillerie de Barbade : le Doorly's 12 ans. Je me dis qu'il y a une chance qu'un des deux soient en dégustation. Eh bien non... Les deux étaient ouverts ! Cool :)
Pour rester sur la même gamme de prix, et ajouter une troisième bouteille à cette dégustation, je demande si le La Mauny Signature est également à déguster, et c'est le cas, parfait.

On débute par le Doorly's 12 ans ; il est dans la droite lignée du XO et en est proche. Typique de la Barbade, un rhum sec, boisé, équilibré et aux arômes délicats. Pour un prix très attractif, une trentaine d'euros.

Le Port Finish ensuite (même distillerie : Foursquare), lui aussi pour une trentaine d'euros. On retrouve les caractéristiques de la Barbade mais avec la gourmandise en plus. En effet, il n'est pas dénué de douceur (sans être sucré) ni d'un certain fruité. Un rhum agréable, qui pourra faire la transition entre des rhums sucrés et d'autre plus secs, et qui pourra satisfaire autant les amateurs que les débutants.
C'est celui que j'ai ramené chez moi et il aura exactement cette double fonction. Là aussi une trentaine d'euros, décidément... Et, que ce soit l'un ou l'autre, ce sont des rhums sans aucun ajout. Richard Seale (patron de cette distillerie) est un fervent défenseur des "vrais" rhums, vierges d'additifs.

Le line up du jour
Fin de la dégustation avec un des derniers La Mauny sorti, le Signature. Je vous en ai déjà parlé dans cet article. Un VO (3 ans de vieillissement), qui n'a pas à rougir devant certains de ses grands frères et qui peut se déguster pur, ce qui est rare pour un "simple" VO. Bref, impression confirmée à cette seconde dégustation : une vraie complexité, une relative douceur et les repères agricoles bien présents.
Et là encore un petit prix !

Cette excursion chez Christian de Montaguère permet, une nouvelle fois, de montrer qu'il existe nombre de rhums de qualité à prix réduits. Ces trois-là en sont de parfaits exemples.


C'est ainsi que s'achève cette première journée.