dimanche 16 octobre 2016

dimanche 9 octobre 2016

Mon Rhum Live 2016 - partie 2


Nous avoilà donc à la seconde partie, la seconde journée et la seconde série de dégustations de ce Whisky Live 2016 à Paris.

Elle s'est pour ainsi dire exclusivement passée dans la partie VIP (pas de VIP le lundi donc ouverte à tous). C'est là qu'étaient disponibles les rhums (et autres joyeusetés à haut degré d'alcool) embouteillés pour les 60 ans de la Maison du Whisky ; et il y en avait un paquet. Trop pour pouvoir prendre des notes exhaustives et détaillées pour chacune de ces bouteilles. Je vais donc être très rapide sur certaines et un peu moins sur d'autres. La manière dont j'ai fonctionné ici était plus au coup de cœur et moins à l'analyse.
Aller, on s'y jette (et on s'en jette un petit par la même occasion).

Commençons par cette gamme, qui a fait soulever plus d'un sourcil de curieux : Transcontinental Rum Line. Sur le papier, pas mal du tout : du brut de fût à petit tirage sur des distilleries connues. A noter qu'elle se compose de six rhums mais que le Diamond avait disparu dans d'atroces souffrances la veille.
Nous suivons l'ordre de dégustation conseillé par la personne de l'autre côté du comptoir et débutons donc par le Panama 2010. Et ne passons pas trop de temps dessus, je ne lui ai rien trouvé d'intéressant, si ce n'est peut-être son côté fumé sur la finale. Voilà, voilà...

Second arrêt de cette croisière rhumesque, la Jamaïque, mais une Jamaïque à tendance gourmande (surtout au nez) et par trop typée, avec le Worthy Park 2006. La poire et la banane sont assez impressionnantes au nez. En bouche, il est plus sec que l'on pouvait s'y attendre et l'alcool est assez présent. La finale est à dominante empyreumatique et je lui ai trouvé une touche... fromagère, ben ouais. Pas mal ce rhum.

On part ensuite en Guyane Anglaise et donc dans la région du Demerara, avec cet Uitvlugt 1998. Je n'aurais pas du tout reconnu de quoi il s'agissait à l'aveugle. Empyreumatique et végétale et une finale sur un brûlé assez sympa. Ouais bon, ne casse pas trois pates à un canard.

Et hop, retour en Jamaïque mais cette fois-ci chez Hampden, avec ce millésime 2000. Un nez très lacté et très Hampden. En bouche, lui aussi est végétal et légèrement piquant. La finale est très longue sur des notes grillées en plus des autres arômes. Il se défend, surtout son nez.

Dernier arrêt à la Barbade pour un... Foursquare 2006. Et oui, encore un. Il ne déroge pas à la règle : c'est bon sur les arômes habituels, cependant il m'a donné l'impression d'avoir un alcool un peu trop présent en bouche.

Au final, une série qui ne m'aura pas conquis dans son intégralité.


Deux embouteillages de chez Berry's ensuite avec un Monymusk (Jamaïque) et un Demerara (Guyana), sans plus de précision sur l'alambic utilisé.
Je passe rapidement dessus car ni l'un, ni l'autre ne m'ont emballés. Ils ne sont pas mauvais mais ne proposent rien de nouveau et je ne leur ai pas trouvé une réelle identité.


Un petit passage en Haïti, car même s'il n'y avait pas de nouveau batch de clairin, un nouveau clairin était disponible : un blend des trois (Sajous, Vaval et Casimir), réduit à 45%. Franchement je n'en attendais pas grand-chose étant donné que pour moi chacun de ces "rhums" d'Haïti a sa propre identité, je me suis demandé "pourquoi les gâcher en les mélangeant ?". Eh bien, cela a été une agréable surprise. Nous avons des marqueurs inimitables des clairins et on se prend même à chercher (voire à trouver ^^), l'influence de l'un et de l'autre... Pas mal !


Deux Rum Nation "Small Batch" de Guyana : un Enmore et un Diamond.
Le Enmore ne m'a pas plu avec son manque de chaleur et de gourmandise (typique vieillissement continental, dans ce qu'il n'a pas de meilleur).
Le Diamond, en revanche a deux visages : un nez gourmand sur le caramel, le bois, la réglisse et un léger tabac et une bouche très différente sur des notes fumées. Intéressant.


Petite escapade chez les agricoles pour continuer, avec Neisson, Bally et Bielle.


Neisson, d'abord, avec deux 2007, l'un embouteillé avec la Maison du Whisky et l'autre avec Velier (et une différence de 0.1%). Ils sont bons, mais je n'ai pas eu de coup de cœur, comme par exemple sur le 2004 de l'année dernière. Un tout petit mot quand même ; le LMDW est assez porté sur la noix et m'a fait penser (en moins bien) au Single Cask 2004 japonais. Le Velier est plus expressif mais sans être meilleur. Au suivant.


Et le suivant c'est un rhum qui avait déjà fait couler pas mal d'encre avant d'être dégusté. Un Bally 1998 brut de fût - le premier brut de fût de la maison martiniquaise. Ajoutez à cela que c'est un millésime 1998 - année dite exceptionnelle dans la région - et vous avez un buzz.
Le nez m'a vraiment beaucoup plu, un très beau nez d'agricole sur les épices, le tabac et les fruits à coque. Malheureusement j'ai trouvé la bouche et la finale en dessous avec un peu d'astringence et un boisé trop marqué. Dommage, le début promettait tant...


Le Bielle enfin. Je ne dirais que ceci : j'aurais cru à un Libération à l'aveugle. Et ça, ça veut dire beaucoup et en bien ! :)


Pas le temps de dire "ouf" que l'on repart avec un autre embouteilleur indépendant : Silver Seal.
Là aussi, deux rhums. Un Uitvlugt d'abord. Encore un qui ne m'a pas fait vibrer ; là aussi rien de nouveau ou d'intéressant. Un Hampden ensuite, bien typé, avec son lot de fruits pourris, de touche acide, de tabac et de solvant. Malheureusement, il manque de gourmandise à mon goût, ce qui m'empêche de l'apprécier pleinement.
Ce qui n'est pas le cas du Hampden de chez Habitation Velier (l'officiel, pas celui pour les 60 ans de LMDW, que je n'ai pas goûté), qui est tout simplement une bombe et peut-être même le meilleur jamaïcain que j'ai pu déguster ! Intense, gourmand, extrême, long, complexe... Une tuerie.


Une des dernières étapes se passe à la Réunion, avec la distillerie Savanna et deux nouveautés, les deux ayant subi une très longue fermentation puisqu'il s'agit de rhums grand arôme.
Le blanc est un grand arôme brut de fût à 57% dans la série des Lontan. Comme on peut s'y attendre le nez est extrêmement expressif sur des arômes de pomme, de caramel brûlé et un côté épicé/médicinal. Pas vraiment gourmand mais très intéressant de par son intensité. Cette gourmandise va venir ensuite en bouche de manière très agréable.
La "vraie" nouveauté est le vieux, qui est le premier de la série HERR (High Ester Rum Reunion), un brut de fût, qui a été conçu de manière à être le plus "extravagant" possible. Je ne me suis pas encore renseigné sur les détails de production, mais de ce que j'en sais, c'est une sorte de "très grand arôme" (terme qu'il va falloir que je pense à déposer :p).
Ce truc est juste un ovni ! Des arômes hyper intenses et pour ainsi dire jamais rencontrés, de cette manière, auparavant. Ce qui m'a le plus frappé, c'est la fraise et la cerise, qui ne m'avaient jamais sautées au nez de cette manière. Il y a beaucoup d'autres choses là-dedans et le résultat est unique et la longueur hors du commun (mieux vaut finir une dégustation par cette chose ^^). Il n'a pas fait l'unanimité mais n'a laissé personne indifférent. Personnellement ce n'est pas mon truc.


Pour finir (ou presque), allons en Thaïlande avec le rhum blanc pur jus que vous connaissez déjà, le Chalong Bay. Je l'aime bien ce rhum Thaï, très jus de canne mais avec beaucoup de douceur. Il y a de la nouveauté chez eux aussi avec trois rhums infusés. Cette infusion se fait lors de la distillation avec les vapeurs des herbes et épices (locales) en question. J'ai fait l'impasse sur la cannelle (je n'aime pas ça) mais ai goûté le basilic thaï et la citronnelle, deux herbes aromatiques que j'aime beaucoup.
Le citronnelle est très marqué par cette herbe, voire trop. Elle domine clairement le rhum. Le goût est cependant bien franc et pas déplaisant, sans doute plus pour cocktails selon moi.
Celui au basilic thaï en revanche est super bien mesuré et offre la fraîcheur et le goût anisé de cette herbe sans masquer le rhum, que ce soit au nez ou en bouche ; la finale est même dominée par le rhum. Une curiosité réussie selon moi.


C'est en fini des rhums mais je ne pouvais fermer ce nouveau chapitre Whisky Live sans vous parler d'un whisky qui m'a marqué, et je n'étais pas le seul, loin de là !
La dernière destination sera donc le Japon avec la maison Nikka. Plus précisément un Single cask Coffey Grain brut de fût de 1995. C'est bien simple, tous les gens qui y ont goûté (et il y avait de sacrés palais) ont cru qu'il s'agissait d'un rhum. Mais attention un rhum qui serait dominé par une noix de coco super gourmande et complétée par un boisé léger et des notes discrètes de tabac (ça peut faire penser à des rhums de Belize voire de la Barbade). Cette noix de coco a conquis tous les dégustateurs. Une très belle découverte !



Cette fois-ci s'en est fini, j'espère que vous aurez apprécié le voyage en ma compagnie :)



Retrouvez la première partie ici-même.

dimanche 2 octobre 2016

Mon Rhum Live 2016 - partie 1




Les dates du Whisky Live à Paris cette année ne sont pas bien tombées ; j'avais un week-end avec des amis en Bourgogne, week-end qui a été loin d'être de tout repos.
Du coup, je fais une croix sur le samedi et pense y passer environ deux heures le dimanche, avant de pouvoir y passer plus de temps le lundi.
Ça, c'est mon plan. Pas franchement étoffé comme plan mais c'est tout ce que j'ai.

C'est dans un triste état de fatigue très avancée, que j'arrive donc dimanche à la Cité de la Mode et du Design dans le 13ème arrondissement de Paris, là où tout va se passer.
Je retrouve mon camarade de crime à l'intérieur et direction l'espace rhums, qui fait plus ou moins la même taille que l'année passée et on y retrouve les mêmes acteurs.
Je n'ai qu'un billet découverte, donc pas d'espace VIP ou de bar collector pour moi cette année (je me suis rattrapé le lundi, rassurez-vous, puisque l'espace réservé aux acheteurs de billets à plus de 100€ sur le w-e, est ouvert à tout le monde lors de la journée réservée aux professionnels).

Et là comme d'hab, on se pose la question : "On commence par quoi ?". Bien qu'il soit tentant de tester les nouveaux Caronis de Velier, cela ne semble pas être le plus avisé d'un point de vue survie des papilles.
On ml'a donne, que je ne sais pas quoi faire avec :x
Et c'est là qu'on tombe sur un rhum inconnu au bataillon, à consonance hispanique. Bon, ça n'augure pas grand-chose de bon, vous connaissez mes goûts, mais ça se tente. Ah ben non en fait, ça ne se tente pas vraiment, ce rhum cubain, qui répond au nom de Pacto Navio, ne présente à peu près aucun intérêt. Voilà vraisemblablement un rhum de plus distillé à très haut degré d'alcool auquel des arômes ont été rajoutés.
Bref, comment bien commencer mon expérience Whisky Live...

Je me dirige ensuite vers le stand Plantation, afin de rester sur des bouteilles à faible degré d'alcool. Mais voilà, c'était sans compter sur une nouveauté de la maison Ferrand : la gamme Extrême. Il s'agit en fait de single casks brut de fûts. Ma première réaction a été : "Voilà une bonne chose que Plantation se mette à faire ça en plus de leur gamme habituelle."
Cela s'est-il vérifié à la dégustation ? Eh bien plutôt, je dois dire. Ils n'ont pour l'instant que deux références (pas encore commercialisées) : un Barbade et un Sainte Lucie.
Le premier est un Foursquare, et comme tous les autres Foursquare brut de fûts de que j'ai pu goûter, c'est bon. Ils se ressemblent sensiblement les uns les autres et sont donc tous agréables, sans être révolutionnaires. Nous avons donc de la vanille, de la coco, du tabac, du bois et un côté grillé ; ça fonctionne bien.

Le Sainte Lucie est lui plus atypique et je n'aurais jamais pensé à cette île à l'aveugle. Le nez est sur des notes empyreumatiques à tendance fumée. La bouche, sèche, reste sur cette même impression mais une certaine gourmandise apparait sur la finale où la vanille vient troubler son profil assez monolithique. Intéressant car atypique mais ce n'est pas trop mon truc, je trouve qu'il lui manque quelque chose.

Après une intéressante conversation avec Alexandre Gabriel sur la transparence dans les spiritueux, nos pas nous mènent vers nos Antilles Françaises.


Ici version verte : brut de colonne 
C'est en Martinique que nous nous arrêtons, chez Neisson, petite distillerie dont il n'est plus nécessaire de faire l'éloge (Même si ce n'est pas si simple ; pour moi les blancs et les très (très) vieux et/ou les millésimes valent le coup, mais leur gamme de vieux "basique" je n'accroche pas du tout).

Nouveauté cette année, le premier blanc agricole bio ! Il n'y a pour l'instant que très peu de bouteilles, étant donné que les parcelles ayant reçues le label bio sont encore bien petites. Ils ont la volonté d'augmenter la surface dédiée à la culture de canne bio mais cela demande beaucoup de temps et pas mal d'argent.
Bref, ce tout nouveau rhum blanc est pour l'instant disponible en deux versions, à 66% et à 55%.
Seule la version brut de colonne étant disponible, nous demander à la goûter.
Quel nez ! La canne dans toute sa richesse. Des arômes terreux, légèrement huileux, végétaux et une légère acidité viennent complimenter cette canne fraîche. Vraiment magnifique. A noter que mon frère lui a trouvé un franc côté "légume vert bouilli", du genre épinard (non il n'était pas bourré, en tout cas pas encore :p).
Malheureusement, la suite de la dégustation n'est pas au niveau (il faut dire qu'il n'est pas aisé de rester aussi haut). L'alcool est incroyablement bien intégré mais ce rhum se fait moins expressif en bouche et sur la finale, qui n'en est pas moins très longue.

J'ai alors eu comme une soudaine envie d'aller déguster l'Intense de Karukera (le stand étant tout proche), afin de comparer ces deux rhums blancs pur jus. Eh bien là où le nez est clairement un cran en dessous, la bouche est en revanche plus explosive. Il est aussi un peu plus simple que le Neisson.
Conclusion : oui ce sont deux grands rhums blancs mais aucun des deux n'est parfait et vous devrez y goûter pour trouver votre préféré.

Comme nous étions sur le stand Karukera, il était tout naturel de déguster leurs deux nouveautés : un millésime 2008 et un 2009.
Ce 2008 a connu un double vieillissement, d'abord dans des fûts neufs, de manière assez courte (je ne saurais dire combien de temps exactement), ce qui va apporter des tannins. C'est ensuite qu'il sera mis en fût de Cognac pour la plus grande partie de son vieillissement.
Au nez, il est délicat sur l'amande et la réglisse. En bouche la texture est veloutée et il est assez fin ; on y trouve à nouveau de la réglisse mais aussi du sucre roux. La finale est longue et apporte un côté torréfié et fumé. Pas mal ce rhum ma foi.

Du nouveau chez Karukera
Le 2009 (Select Casks) est un assemblage de 13 fûts (tous ayant contenu du cognac au préalable). A noté qu'il sera disponible à 45% alors que la bouteille présentée au salon était, elle, à 55%.
Au nez, nous avons bien un rhum pur jus, sur les fruits à coque, les épices douces, le noyau de cerise et le bois. Il est bien équilibré même si l'alcool se sent. En bouche malheureusement, je l'ai trouvé trop sur l'alcool justement, alors que la finale est longue et dominée par le bois.
Moi qui suit normalement nettement en faveur des versions brut de fût, j'ai été intéressé de voir que ce rhum gagnerait sans doute à être réduit à 45%.


Voilà les belles !
Et c'est alors que, la journée approchant de la fin, nous sommes allés voir Velier et ces nouveaux caronis dont tout le monde parle.
Le "ciao" obligatoire à Daniele et c'est parti.
La version réduite à 57.18% pour commencer - à noter que ce degré d'alcool correspond au degré traditionnel des navy rums qui étaient emportés sur les bateaux de la marine britannique, en deçà duquel la poudre à canon qui en aurait été imbibée n'aurait plus été inflammable.
Un nez très gourmand qui offre des arômes de vanille, de fruits à coque (noix et amande), ainsi que du caramel et une discrète, très discrète empreinte caroni.
Et là je me retrouve comme un benêt puisque je n'ai pas écrit de commentaire sur le bouche dans mes notes :x Mais on va faire comme si de rien n'était et continuer.
La finale, elle, est un tantinet plus caroni mais toujours gourmande avec ses notes de vanille et de sucre roux.

La version full proof - à 70.1% tout de même - sera le prochain rhum sur la liste et le dernier pour cette journée.
On y retrouve la même gourmandise au nez, mais elle est ici encore exacerbée : une pâte à gâteau à la vanille et aux éclats de fruits à coque... Un régal pour les narines (à condition de ne pas enfourner le nez dans le verre). Ce que l'on a en plus du réduit, ce sont de discrètes notes torréfiées et de tabac. Très très agréable et délectable.
La bouche se fait plus Caroni que le nez ou que la bouche de la version à 57% (d'après ce que j'ai écrit, mais comme je n'ai rien écrit pour la bouche de ce dernier il ne me reste plus qu'à me faire auto-confiance, on n'est pas dans la panade... ^^).
La finale, est bien entendu interminable et associe typicité caronienne et gourmandise avec surtout la vanille, qui contrairement à d'autres caronis, est ici loin d'être écœurante.


C'est là que je m'arrête pour cette première partie. Restera tous les rhums des 60 ans de la Maison du Whisky plus quelques autres. Et ça en fait un paquet...


dimanche 4 septembre 2016

Les dégustations : L'Esprit Rhum, nouveautés 2016 - partie 2





Nous continuons le passage en revue des nouveautés de l'embouteilleur indépendant français "L'Esprit".


Un peu plus ambré que les précédents
Je vous les fais dans mon ordre de dégustation et le suivant est donc le Caroni et ses 64.3% (les deux derniers ont été dégustés le jour suivant, parce que les cinq d'affilée ça aurait été très compliqué pour le palais).

Au nez, nous ne sommes pas sur un de ces Caroni timides, qui ne s’assume pas. Pas de place pour le doute, nous sommes bien sur un rhum de la célèbre distillerie fermée de Trinidad. La fumée est intense et complétée par des notes de caoutchouc. La vanille, elle aussi très présente, apporte ce qu’il faut de gourmandise.

En bouche, l’alcool augmente au fil des secondes, mais sans devenir brulant. Du sucre vient également équilibrer cette chaleur. On retrouve les marqueurs du nez, de manière très intense. Il y a aussi du fruité qui se balade en arrière-plan.

La finale est longue, ce n’est pas une surprise, sur un parfait mélange de notes fumées et vanillées. La sensation sucrée disparait après quelques secondes.

Un de ces Caroni, qui allie caractère et gourmandise.
Avec un peu d’eau, le nez devient encore meilleur en ramenant des fruits exotiques vers l’avant et étonnamment, la finale perd de sa vanille.



On redescend un peu dans les degrés pour continuer par la Jamaïque et ici une expression de la distillerie Worthy Park.
Une autre Jamaïque.


Au nez, je n’aurais jamais dit Jamaïque à l’aveugle. Il est gourmand, pâtissier, boisé, mais il lui manque les marqueurs habituels que sont souvent la banane et le solvant. D’autres arômes apportent de la complexité : l’orange, le cacao, la prune, un poivre discret et une pointe végétale. Le tout est bien fondu et équilibré. Sympa.

En bouche, l’alcool est assez vif (contrairement au nez), c’est cette impression torréfiée qui domine, ainsi que la prune – il m’a fait penser à ces prunes séchées trempées dans le chocolat noir, le sucre en moins. Le poivre et une touche d’orange ne sont pas loin. Il possède également une certaine fraîcheur, tout à fait bienvenue.

La finale est longue, très chocolatée (bien noir le chocolat) et boisée ; votre bouche va s’assécher. La prune est toujours là tandis qu’une pointe réglissée/mentholée/poivrée ressort. Cette sensation cacaotée va vous accompagner un long moment.

J’ai été un peu déconcerté par ce jamaïcain. Quand je déguste un rhum de cette île, je m’attends à certains arômes (que j’aime beaucoup). Or là, non. Du tout. Nous sommes sur autre chose. Cette autre chose m’a par ailleurs bien plu (même si côté cacao est presque trop présent pour moi) et mérite qu’on y fasse un petit détour.

Avec quelques gouttes d’eau, les arômes frais, végétaux et orangés ressortent au nez, tandis que la bouche prend aussi en fraîcheur et que la finale, elle, perd juste un peu en chocolat et gagne en boisé.



On termine par une bête ! Une couleur très impressionnante et un degré rarement atteint : le Diamond 2016.

Cette couleur...
Au nez, méfiez-vous de la puissance alcoolique de ce beau bébé. Plus de 70%, ça commence à faire, ne mettez pas le nez dedans trop vite donc. En revanche, il en cache des choses sous son apparence ultra-puissante, à commencer par de la gourmandise, qui se caractérise par le chocolat, l’abricot et une mélasse (réglisse) bien marquée. Il n’est pas lourd pour autant et offre même une certaine fraîcheur, entre autres apportée par une pointe d’agrume (orange) et une touche d’herbes aromatiques (thym). N’hésitez pas à le laisser reposer un moment dans le verre avant de débuter la dégustation.

En bouche, une petite quantité suffit, tant il est expressif et explosif (et aussi pour ne pas enflammer votre bouche). Le chocolat, la mélasse, un certain boisé et, un peu en retrait, l’abricot (même bien en retrait) forment son profil gustatif. Il présente une légère douceur, pas désagréable mais surprenante.

La finale est longue, sur des notes de bois, de cacao et de mélasse. Là encore la fraîcheur n’est pas absente, bien que discrète. Une légère amertume – qui semble liée à la mélasse – se fait sentir. Après plusieurs minutes, c’est vraiment cette mélasse réglissée qui demeure.

Eh beh, pas pour les fillettes ce rhum, de par sa puissance (même s'il faut bien reconnaitre qu'il passe étonnamment bien pour ce degré), bien sûr, mais aussi de par ses arômes très marqués de mélasse (surtout), de cacao et de bois.
Un peu d’eau permettra « d’arrondir les angles » et de lisser un peu les notes les plus marquées en liant l’ensemble.


Et voilà, c'est après la dégustations de ces rhums issus de trois grandes nations rumesques, que s'achève de tour d'horizon des nouveautés de chez l'Esprit Whisky& Rhum. Les quatre full proof (le réduit moins) ont chacun des qualités et un intérêt certain, mais aussi des profils marqués, qui ne plairont pas à tout le monde.
Ma préférence va sans doute au Worthy Park (il ne faut pas chercher LA Jamaïque) et au Diamond (il faut aimer la réglisse - de manière intéressante, je déteste la réglisse en tant que telle mais j'aime beaucoup dans le rhum).


J'espère que vous avez vous aussi apprécié le voyage !



Retrouvez la première partie ici : Les dégustations : L'Esprit Rhum, nouveautés 2016 - partie 1


dimanche 28 août 2016

Les dégustations : L'Esprit Rhum, nouveautés 2016 - partie 1

Ici classés par puissance croissante, de gauche à droite.

Bonjour à tous,

Voici une séance de dégustation que j'ai beaucoup anticipée. La sortie de nouveautés chez l'embouteilleur indépendant breton L'Esprit Whisky & Rhum est un événement qui a été attendu un bon moment (et pas que par moi).

Pour vous resituer un peu les loustics, ils avaient déjà à leur catalogue, quelques bouteilles remarquées, avec par exemple un Black Rock full proof (et réduit, comme à leur habitude), qui avait marqué les esprits (jeu de mot interstellaire), mais aussi un Belize ou encore un rhum brésilien, et j'en passe. Bref pas forcément les rhums les plus "à la mode", mais avec une vraie identité.

Du coup, quand ils m'ont contacté pour me faire parvenir des échantillons de ces nouveaux rhums, j'ai accepté bien volontiers.

Au menu des réjouissances : Haïti avec Barbancourt (deux versions, une réduite, l'autre non), la Jamaïque avec Worthy Park, Trinidad avec Caroni et enfin La Guyane Anglaise avec un Diamond. Des origines classiques pour un embouteilleur indépendant (Barbancourt un peu moins même si on en a déjà vu quelques-uns), mais qui sont aussi de qualité.

Il est à noter qu'un certain nombre d'informations sont affichées sur les bouteilles (et les échantillons en l'occurrence). Nous avons, bien sûr, la distillerie et le pays d'origine mais aussi les dates de distillation et d'embouteillage, le numéro du fût, et pour finir : que la couleur est naturelle et qu'il n'y a pas eu de filtration.



Meilleur que les embouteillages officiels
C'est précisément par ce rhum d'Haïti, en version réduite (46%) que nous allons débuter les hostilités.

Au nez, cela a beau être réduit, l’alcool est présent mais accompagné de notes gourmandes. Ce qui me vient à l’esprit c’est le beurre, l’orange, la banane ainsi qu’une légère vanille. Il a un quelque chose de jamaïcain (sans doute ce côté beurre et banane comme sur certains Hampden, bien que moins intense). Il me rappelle aussi le Barbancourt de chez Silver Seal sorti il y a quelques temps et l’impression générale est chaleureuse.

En bouche, l’attaque est mesurée, l’alcool est moins présent. L’orange ouvre les hostilités et est rapidement rattrapée, puis largement dépassée, par des notes empyreumatiques bien marquées.

La finale est moyennement longue et est dominée par les notes brûlées, qui disparaissent après une minute et laissent place à une impression légèrement amère. Cette dernière s’atténue à son tour et est conjuguée cette fois-ci et pour finir, à un arôme cendré.


Un rhum pas inintéressant au profil aromatique relativement simple.




Et encore mieux...
Naturellement, pour continuer, dégustons la version brut de fût, à 66.2%, et voyons les différences.

Au nez, l’alcool n’est pas aussi présent qu’on aurait pu le penser (juste un peu plus que sa version réduite). On y retrouve d’ailleurs les mêmes arômes – avec un peu plus d’intensité – et une note empyreumatique déjà présente. Seule « vraie » addition, une touche torréfiée, de café, qui ajoute une couche de complexité supplémentaire bienvenue.

En bouche, l’attaque n’est pas trop alcooleuse, la puissance vient dans un second temps, et pas qu’un peu ; il y a aussi une très légère sucrosité. Le profil jamaïcain de ce rhum est encore accentué sur cette version full proof, de manière assez explosive.

La finale est plus longue que sur la version réduite mais suit exactement les mêmes étapes.

Oui, il est un peu plus intéressant que sa version réduite, mais a aussi une partie de ses défauts.
A noter que quelques gouttes d’eau font ressortir des notes végétales ainsi qu’une certaine fraîcheur.
Intéressant pour ceux qui ne connaissent pas cette facette de la fameuse distillerie d'Haïti.

Il est à noter que seul ce Barbancourt est présent en deux versions, les trois autres sont tous brut de fût.

dimanche 14 août 2016

Une journée bon pied, bon oeil (sur Marne)



Voilà une fois de plus ce que ça donne quand je n'ai pas d'inspiration pour le titre d'un article...

Un bien beau rebord de fenêtre.

Et de 1...
et de 2...
Une semaine après la fin des vacances, je me suis rendu à une soirée, à laquelle j'avais été invité quelques semaines plus tôt. Et encore je dis soirée, mais il s'agissait plus d'une journée entière ^^.
Journée dédiée au rhum et au partage entre amateurs.

Je n'ai rejoint les autres participants qu'en milieu d'après-midi, pour prendre congé vers minuit.
Je ne vous épargne pas le périple en transports en commun : une quinzaine de stations de trams, une dizaine de stations de métro et quelques stations de bus. Une heure et quart quand même, et encore ça c'était à l'aller, au retour, en loupant mon bus et en attendant le suivant, c'était plus proche des 1h45. Faut être motivé, ça tombe bien je l'étais :D

et de 3...
et de 4...

Je peux vous dire que ces sept heures passées à déguster et papoter parurent très courtes. J'ai pu goûter d'excellentes choses, dont certaines que je n'avais pas encore eu la chance de découvrir jusque-là. Il m'aurait cependant fallu quelques heures de plus pour faire un tour un peu plus large de l'impressionnante collection de notre hôte.


Oui, sans aucun doute, goûter un J.M. 1985 (ouverte pour l'occasion), un Saint James 1982 ou encore un Port Mourant 1975 de chez Berry Bros, c'est vraiment enrichissant et intéressant pour l'amateur que je suis.

et de 5...
et de 6...
Mais le véritable intérêt de ce genre d'évènement, c'est sans nul doute le partage, des discussions autour de cette passion commune. Passer plusieurs heures à papoter rhum (et les sujets sont nombreux) avec d'autres personnes tout aussi enthousiastes que soi, c'est le pied.

Sans la générosité de notre hôte un tel moment si agréable n'aurait pu être possible, alors un grand merci à lui, invétéré dénicheur de bouteilles égarées aux quatre coins de la France !


Pour ce qui du rhum, coups de cœur sur ce Saint James 1982, très complexe, très évolutif, que l'on peut garder un long moment dans son verre pour en apprécier toutes les facettes !
et de 7...
et de 8...
J'ai évidemment pu apprécier plein d'autres rhums d'exception (je comprends maintenant mieux la passion de certains pour J.M. :)), en agricoles mais aussi de Guyane Anglaise. J'ai même fait un rapide crochet sur un whisky, qui bien que bon (très très bon selon les connaisseurs du groupe), ne me détournera pas de mon amour pour la canne à sucre :).

Je voudrais remercier pêle-mêle plein de choses sans lesquelles cet après-midi/soirée, n'aurait pas été le même : LE mur, Ali Baba, le Caroni 1982 renversé, les merguez, les chats errants, Uber, Rihanna, la RATP, Jean-Michel le distillateur cubain de l'aile ouest, le liquide le plus rare : l'eau, le nez débouché, l'Affreux et sa main verte, le ketchup explosif...

Seul regret : avoir dû rentrer avant la fin et donc avoir dû louper quelques très bonnes choses de plus ^^

Et quelques Demerara...


dimanche 7 août 2016

Des crêpes beurre sucre, du tourteau, des kouign ammans, des bulots et... du rhum ?


Oui, ma femme a fait de bien jolies photos, que j'ai allègrement subtilisées pour mon article :P

Une fois de plus, les vacances sont finies. Elles se sont finies en juillet cette année, ça nous promet un long été de boulot.

Mais projetons-nous plutôt sur ces deux semaines de vacances, qui se sont récemment achevées.

Cette année : Bretagne ! J'aime la Bretagne, et ces congés n'ont pas changé mon opinion, au contraire.
Nous avons fait quatre arrêts, ce qui représente autant de chances de trouver des cavistes et, avec un peu de chance, des bouteilles d'exception.

Carnac - Il y a à peine plus de menhirs que j'ai de bouteilles... dans mes rêves

Notre "périple" a commencé à Carnac cette année, ses alignements et... je dois avouer n'avoir pas eu la tête à écumer les rues de cette petite ville. Bon, en revanche, premiers fruits de mer du séjour, ça fait plaisir :)


Douarnenez pour continuer et ses kouign amanns hors du commun, les meilleurs des vacances (et je peux vous dire que j'ai eu de quoi comparer les jours suivants ^^).
C'est là que l'enquête a débuté. Au programme, deux cavistes, l'un ancien mais avec pour ainsi dire aucun rhum (et à des prix très élevés en plus) et l'autre plus moderne, avec une sélection plus que décente (presque toutes les séries Longueteau, JM, Compagnie des Indes et Rhums de Ced, plus pas mal d'autres bouteilles en tous genres), mais pas de bouteille exceptionnelle ; j'entends par-là, des choses qui ne se trouvent plus, comme des vieux millésimes martiniquais, des Velier ou d'autres embouteilleurs indépendants.

Douarnenez - Nous ne nous sommes pas lassés de passer sur ce pont pour en admirer la vue :)

Etape suivante, un petit village pas loin de Morlaix. C'est lors de la visite de cette dernière, que mon investigation a continué. J'avais repéré (merci internet) trois cavistes, tous proches les uns des autres dans la partie ancienne de la ville (très jolie par ailleurs).
C'est en prenant la direction du premier que j'en découvre un quatrième, malheureusement, pas une seule bouteille de rhum, seulement du vin (je n'ai rien contre le vin, j'aime même beaucoup ça, mais ce n'était pas l'objet de mes recherches).
Nous tombons sur le suivant, quelques dizaines de mètres plus loin. Je rentre, regarde aux alentours et tombe rapidement sur un relativement maigre rayon rhums. Au cas où, je demande tout de même si tout est là (je le fais toujours), mais devant la réponse affirmative du vendeur, je tourne les talons et sors (oui je lui ai quand même dit au revoir :p).

Pas de chance pour l'instant.

Troisième caviste, un peu plus intéressant, avec par exemple, des clairins. Cependant, rien qui ne soit introuvable sur Paris. Je passe donc mon chemin et me dis que ça ne sera pas pour aujourd'hui.
Eh bien, en dépit d'une dernière boutique encore mieux fournie (avec des HSE finition et du Caroni 15 ans entre autres choses), je ne m'étais pas trompé : ça ne sera pas pour aujourd'hui.

Morlaix (moi pas trop fort) - On peut monter jusqu'au premier étage du viaduc, pratique pour voir les cavistes de loin... ou pas.


Dernière étape des vacances, où nous sommes restés une semaine : Saint Jacut de la Mer. Je ne connaissais pas du tout et ça a été une excellente surprise. Sa principale qualité, selon moi : ses marées de très grande amplitude, qui permettent, à marée basse, de rejoindre des îles en marchant plus d'une heure sur le sable qui était recouvert d'eau quelques heures auparavant. Je ne vous dis pas les heures passées avec les enfants à pécher des crabes, des petits poissons et des crevettes, ni celles dédiées à la construction de châteaux de sable. J'ai rarement eu autant de courbatures que ces quelques jours ^^

Un Roudoudou très intéressé par ce homard rôti au beurre. Oui je me suis fait plaisir (surtout qu'avant il y avait un plateau de fruits de mer :D)
Ce n'est pas sur la presqu'île que vous aurez la moindre chance de trouver des bouteilles, il n'y a pas de caviste ^^
Il faudra aller dans les villes un peu plus grandes aux alentours, par exemple Dinard, voire Saint Malo. C'est précisément ce que j'ai fait :)

Saint Malo, j'étais assez excité à l'idée de voir la vielle ville, encerclée de remparts. Alors certes c'est beau, mais cela ressemble désormais plus à un musée, voire à un parc d'attractions pour touristes, dommage.
Un caviste dans cette partie fortifiée de la ville ; encore un qui n'a pas à rougir de sa sélection mais rien pour moi.
Sur le chemin du retour et à l'aide de mon téléphone, j'en ai visité deux autres. L'un comme l'autre n'avaient rien de bien folichon, et m'ont tous deux dit "Il n'y a pas de tradition ou de goût pour le rhum dans le coin, vous ne trouverez rien." Et ils n'eurent donc pas tort, puisqu'une fois de plus je suis rentré bredouille.


Un bon moment que j'y pensais
Avant de revenir à Saint Jacut, où m'attendait ma femme toute anginée qu'elle était, je me suis dit que j'allais jeter un oeil à Dinard. Nous y étions passé quelques jours plus tôt mais plus pour apprécier la ville (et accessoirement manger des fruits de mer ^^), que pour chercher du rhum.
Une fois plus, je regarde mon téléphone et je repère deux cavistes pas très loin du casino (non pas le supermarché).
Je trouve une place de parking à l'ombre non loin et laisse un Roudoudou assoupi dans la voiture.
A l'approche du premier, je me rends compte qu'il s'agit d'une franchise, du type Nicolas et c'est sans surprise que je ne trouve pas mon bonheur. En revanche, il me conseille d'aller voir un autre caviste, précisément celui que j'avais déjà repéré.

Boutique relativement ancienne à en croire son apparence. J'entre, salue les deux personnes en train de ranger de nombreuses bouteilles et commence à jeter un oeil. Sans aucun doute le choix le plus large sur tous les cavistes précédemment visités, avec par exemple, certains Silver Seal, dont un Hampden 1993, 20 ans d'âge. C'est celui-là même que j'avais goûté il y a un an et demi en Normandie lors du Salon de Louviers. Il m'avait alors fait une très forte impression et vu son prix, je n'ai pu résister.
Parmi les récentes, une des meilleures, à ne pas louper !
C'est en levant les yeux, que je vois tout en haut de l'étagère, trois boites de Demerara de chez Velier, un Uitvlugt 1996, un 1997 et un Diamond 1999 <S> (il en existe un autre, le <SVW>, que je préfère, car moins boisé). Mais pas de prix affiché, contrairement aux autres bouteilles. Je vais voir un des vendeurs et lui demande si les boites sont vides et, si elles ne le sont pas, si elles sont à vendre.
Il me répond qu'il les vend bien et qu'il doit regarder dans leur fichier informatique pour en connaitre le prix. Ces derniers étant raisonnables, je n'ai pas résisté et ai acheté le Uitvlugt 1997, en plus du Hampden (ainsi que de sympathiques terrines de produits de la mer :P).
Pendant ce temps-là, il m'explique qu'il lui est déjà arrivé de refuser des ventes sur ces bouteilles et que c'est pour cette raison que les prix ne sont pas apparents ; c'est au feeling qu'il décide ou non de céder ce genre de rhums.
Je ne dois donc pas être trop un connard ^^



C'est riche de ces deux bouteilles de dernière minute dans ma besace, que j'ai repris le chemin de notre location et, le surlendemain, de Paris :)


Mais bien sûr qu'il fait toujours moche en Bretagne :P

dimanche 3 juillet 2016

Les dégustations : En compagnie... des Indes - partie 2


La sélection cette semaine (sans oublier le petit dernier de la photo de groupe de la semaine dernière)


Nous revoilà pour remettre ça en compagnie... des Indes (j'ai trouvé cette blague mauvaise dès le départ, seul le comique de répétition peut désormais me sauver !). C'est donc reparti et on y va avec le blanc de l'embouteilleur, relative nouveauté puisque déjà présenté il y a quelques mois lors du Rhum Fest. 



Pas qu'un joli chapeau :P
Compagnie des Indes - Tricorne

Pour vous en parler, je commence par me citer (cet article) - oui je vous entends d'ici "Comment il se la pète lui ! Pour qui se prend-il ? Il s'auto-cite, où va-t-on ?". Oui ben ça va hein, je vous emmerde mes p'tits potes, je fais bien ce que je veux.
Et donc je me cite:
"Il s'agit d'un blend entre rhum de mélasse (environ 55%), rhum pur jus de canne (40%) et arrack d'Indonésie (d'une certaine manière l'ancêtre du rhum dont la principale différence d'élaboration est l'ajout de riz rouge pendant la fermentation - 5%)."

Au nez, je confirme ma première impression, il est expressif, frais et vif. Il ne fait que 40 degrés mais on pourrait le croire un peu plus puissant. Et là, quelque chose qui ne m'avait pas sauté aux narines lors du Rhum Fest : la mûre. C'est cet arôme fruité qui domine. Ce n'est que bien après et bien plus discrètement que l'herbe, le poivre et le citron se font sentir.

En bouche, il est très légèrement sucré et la texture est agréable. La banane apparaît mais c'est toujours la mûre qui est au premier rang. L'équilibre se créé.

La finale est relativement courte mais soutenue. Elle est même explosive sur la fin de bouche, sur les épices.

Je l'aime bien ce blanc (cette mûre !), dommage que la finale soit un peu courte.



Il nous reste deux pays à explorer et pas des moindres : la Jamaïque et Trinidad.
Commençons par ce dernier.

Sur la photo la semaine dernière
Compagnie des indes - Trinidad 16 ans
Trinidad mais pas Caroni, ce rhum-ci est issu de la distillerie qui produit Angustura. Attention c'est un des rares bruts de fût que l'embouteilleur français propose sur le marché français (contrairement à ses rhums destinés au marché danois) - 63 degrés quand même.

Au nez, oui je confirme c'est un brut de fût et il ne faut pas y jeter les narines trop soudainement.
Les arômes sont intenses, c'est avant tout la vanille (très grasse) qui saute au nez, les notes secondaires (mais qui se défendant bien), sont la cendre et le pruneau. Un mélange pas inintéressant.

Au bouche, l'attaque est crémeuse et presque douce. L'alcool n'arrive que dans un second temps mais sans mettre votre bouche en feu. Ce sont cette fois-ci les notes empyreumatiques cendrées qui sont au premier plan. Le pruneau et la vanille restent présents.

La finale est au croisement entre les notes cendrées et vanillées. Ce mariage étonnant et intense, va vous tenir compagnie un bon moment.

J'ai été très surpris de me trouver sur un rhum de chez Angustura aux arômes cendrés (non sans rappeler les rhums de l'autre distillerie de l'île, désormais fermée).



Justement, si nous parlions du rhum issu de cette distillerie fermée : Caroni.

Encore un Caroni !
Compagnie des Indes - Caroni 22 ans.
Il est proposé à un degré inhabituel, qui peut faire mouche, 48°.

Au nez justement, on sent la puissance et il n'est pas superflu de le laisser un peu tranquille dans le verre avant de vous y aventurer. Les fruits exotiques mènent la danse, la banane, l'ananas et le fruit de la passion. Pas de Caroni surpuissant au goudron caoutchouté ici, la colonne vertébrale de la distillerie se manifeste sous forme de notes fumées, relativement discrètes.

En bouche, l'alcool se fait aussi sentir et ce rhum est sec. Là non plus, pas d'explosion d'arômes, qui sont étroitement liés les uns aux autres. Les fruits disparaissent et laissent place à cette présence fumée, ainsi qu'à une touche médicinale et épicée.

La finale est longue (pas vraiment une surprise quand on connait ces rhums) mais pas aussi monolithiquement intense que d'autres Caroni. Les arômes de fumée, de vanille et une légère amertume sont tout en retenue.

J'ai été désarçonné pas ce Caroni, étant plus habitué à des bombes trinidadiennes qu'à de vieilles dames poudrées - oui là j'exagère carrément.


Rendons-nous désormais à la Jamaïque et ses rhums "funky" !

Deux nous sont proposés, issus de deux distilleries différentes : Hampden et Long Pond. Débutons par ce dernier.


Etiquette abimée, en plus de photo pourrie
Compagnie des Indes - Long Pond 12 ans
Au nez, ouhlala ce que j'aime ça. Si je devais le définir en deux mots : Jamaïque et gourmandise.
*Fin de la note de dégustation*
Je blague, nous allons rester un peu plus longtemps en compagnie... des Indes (je ne lâche pas l'affaire).
Et donc un peu plus en détails, nous sommes bien en Jamaïque avec les arômes solvant/colle/polycopié (oui je sais ça ne fait pas rêver et je ne pense pas que les jamaïcains "puants" soient faits pour les débutants, mais quand on commence à les apprécier, alors là c'est le pied !) et bien sûr la banane très mûre. C'est le côté pâtissier, qui vient ensuite, qui apporte la gourmandise : vanille et pâte à gâteau. Une légère note végétale vient compléter ce profil pour un nez bien équilibré.

En bouche, l'alcool est juste. Ce rhum est plus sec et moins gourmand qu'au nez. Je lui ai trouvé un léger manque de présence, même s'il est tout de même agréable avec ses notes pâtissières et grillées. Les notes de solvant/colle/polycopié (également appelé "le trio qui tue") impactent légèrement l'ensemble.

La finale est longue, en dépit de sa relative perte de concentration après une minute. Ces sont les notes grillées, voire brûlées, qui prennent de plus en plus de présence. Les épices remportent la seconde place.

Je ne connais pas autant que j'aimerais Long Pond, même si j'aime beaucoup de manière générale. Celui-ci a un super nez mais une bouche un peu en deçà. Ca reste un Long Pond, donc c'est bon ^^




J'ai un souvenir d'un autre Hampden de Silver Seal
Passons maintenant à la distillerie Hampden, réputée pour produire des rhums jamaïcains parmi les plus typés !

Au nez, le doute n'est pas permis : la Jamaïque, et ça sent le pot still. Vous allez trouver le trio qui tue et la banane bientôt pourrie. Mais là où le précédent n'offre pas tellement de complexité, celui-ci offre des notes crémeuses, ainsi que d'autres fruits (pomme et poire). Pour finir une double note herbeuse et thym.

Là aussi l'alcool est très bien dosé. La différence principale avec le nez est que les arômes secondaires diminuent ou disparaissent, tandis que des notes brûlées et de fruits secs apparaissent.

La finale est très longue et les notes empyreumatiques sont intenses et associées à la banane. Le beurre refait une apparition un peu plus timide et une impression d'amertume vient conclure la toute fin de dégustation.

Encore un jamaïcain qui ressemble à un jamaïcain, ce qui me plait. Maintenant il n'est pas évident de faire son choix parmi toutes ces distilleries et tous ces embouteillages... Il faut goûter ! Une bien pénible tâche ;)



Beaucoup de choses, beaucoup de possibilités, beaucoup de profils différents et donc beaucoup d'amateurs qui seront comblés, même si pas par les mêmes rhums :)

C'est ainsi que notre périple gustatif en compagnie... des Indes (désolé) s'achève.


Vous pouvez retrouver la première partie de ces dégustations ici-même.