jeudi 16 octobre 2014

Salon Club Expert ou "pas mal de nouveautés en cette rentrée 2014"

A peine 8 jours après le Whisky Live, dont je vous déjà rabattu les oreilles, était organisé un autre salon consacré à différents alcools ; ces vins et spiritueux ayant pour point commun d'être distribués par Dugas, l'organisateur du salon.


Je tiens à remercier avant tout Freddy qui a pu me fournir une invitation !



Lundi 6 octobre, direction le Musée des Arts Forains du côté de Cour Saint Emilion dans le 12ème arrondissement. C'est là qu'a lieu, pour sa neuvième édition le Salon Club Expert.
Après un trajet - trop long - en métro et quelques minutes de marche, me voilà devant une des entrées de ce lieu d'arts à Paris.


J'entre dans le bâtiment et après m'être fait tamponné (le poignet :P), plusieurs choses me frappent immédiatement.

Avant tout la beauté des lieux, les couleurs vives, le décor rococo, les nombreux drapés, tout rappelle le cirque, mais en version classe, donc plutôt en version arts forains :D

Ensuite le monde, c'est plein ! Cela présage quelques files d'attente avant de pouvoir déguster.

Et enfin, il n'y a pas que du rhum, loin de là. je ne m'étais, à vrai dire, pas posé la question et avais supposé qu'il n'y aurait que du rhum... Pas du tout.
Il y avait pas mal de stands de vin et champagne, des whiskies, des sherrys, des sakés etc...


Je consulte le plan fourni à l'entrée et repère rapidement où se situent les quelques 25 stands consacrés au rhum.
25 ça fait beaucoup et je sélectionne donc mes cibles. Mes critères sont : les marques présentant des nouveautés, les marques que je ne connais pas, les agricoles et si possible les trois en même temps.



Je commence fort : La Favorite !


Cette distillerie de Martinique, de taille presque familiale, produit des rhums AOC de grande qualité et est particulièrement connue pour leurs cuvées "La Flibuste" et "Privilège", toutes deux vieillies très longtemps.
La première des deux, que l'on pouvait déguster au salon est vieillie 30 ans ! C'est donc le "millésime" 1984 qui était disponible. Mais nous y reviendrons.


Cinq bouteilles en dégustation chez La Favorite.


Le blanc tout d'abord, le Cœur de Canne. Je n'avais jamais eu l'occasion de le goûter et bien maintenant je sais : il est très bon ! On retrouve tous les marqueurs d'un rhum agricole blanc avec une complexité en plus. Il peut, selon moi, se boire comme ça mais doit également être parfait en ti'punch.

Leur vieux ensuite, le Cœur de Rhum. Je passe vite sur celui-là, il ne m'a pas séduit.


L'un des produits phares du salon, ou plutôt devrais-je dire, deux des produits phares, étaient les nouveautés de La Favorite. En effet, leur offre entre leur vieux et leurs cuvées spéciales (donc grosso modo entre 3 ans et 30 ans) était quasi inexistante. Voilà qui est oublié avec la Réserve du Château version 2000 et version 2002.
La différence principale, autre les deux ans de plus du 2000, vient des fûts choisis. En effet, le 2000 a été vieilli en fût de chêne français ayant préalablement contenu du Cognac, ce qui accentue son côté sec et fruité alors que le 2002 a été vieilli en fût de chêne américain ayant servi à faire vieillir du bourbon, ce qui lui apporte un côté un peu plus gourmand.

Je n'ai, de manière générale, pas de préférence pour le chêne français ou américain, ils peuvent apporter tous deux des choses intéressantes et au final certaines matières premières iront mieux avec l'un ou avec l'autre.
Une caractéristique intéressante de la Réserve du Château est aussi qu'elle offre, sous ces deux formes, une puissance qui est absente des ses très vieux millésimes.

La Flibuste justement, rhum vieilli 30 ans... Le millésime à déguster était le 1984 et cela a son importance, car d'une année sur l'autre le produit change.
Nous sommes sur des produits d'une très grande finesse et d'une grande douceur. Ce qui m'a surpris sur celui-là c'est qu'il est "sucré". Evidemment quand je dis sucré on se comprend, il n'y a pas de sucre ajouté et nous ne sommes pas sur certains traditionnels qui tiennent plus du sirop pour la toux que du rhum. Quoi qu'il en soit, il faut reconnaître que c'est très bon mais ce 'est pas vraiment mon truc, pour moi cela manque de puissance. C'est d'ailleurs pour cette raison que ma préférence irait plutôt à la Réserve du Château.



Autre gros morceau ensuite et une des marques dont je voulais le plus goûter les nouveautés : Trois Rivières.
Cette année, ils font les choses en grand dans cette vieille maison martiniquaise, toute la gamme est revue (ainsi que les bouteilles) et il y a donc plein de nouvelles choses à découvrir et c'est ce que j'ai fait, j'ai tout dégusté :)

Personnellement, j'aime beaucoup le nouveau design :)

Leur blanc tout d'abord, la Cuvée de l'Océan dans son originale bouteille bleue. Cette bouteille fait tout de suite penser à un coup marketing, en effet, en plus de la bouteille bleue, qui se repère immédiatement, il semblerait que les cannes servant à l'élaboration de ce rhum aient les pieds dans l'eau, ce qui lui apporterait un certain côté salin. Autre spécificité, il est réduit à 42°, ce qui est une faible teneur en alcool pour un agricole blanc.
Avec tout ça, comment est-il ? Il est toujours compliqué de savoir si l'on aurait détecté un arôme ou une caractéristique particulière sans que l'on nous l'ait dit au préalable et là, j'ai en effet cru détecter un très très léger goût salé ; mais je crois en effet que si on ne me l'avait pas dit avant, je ne l'aurais pas identifié. Sinon il présente une belle fraîcheur mais malheureusement je le trouve un peu court et avec un manque de force, sans aucun doute les conséquences de la réduction en alcool.
En conclusion, il ne plaira peut-être pas aux amateurs de rhums blancs agricoles plus puissants mais a un potentiel auprès des autres :)

Seconde nouveauté de la longue liste, le VSOP. Jusqu'alors la gamme de Trois Rivières était composée, pour les vieux, d'un 5 ans, d'un 8 ans et d'un millésime, le dernier en date étant le 1999.
Bref, cette gamme comprends désormais un VSOP - rappelons que cela signifie que le vieillissement doit au moins être de 4 ans.
A priori, la philosophie derrière cette bouteille est de rendre abordable les rhums vieux agricoles à des amateurs de rhums plus doux, voire sucrés. Attention, nous restons clairement sur de l'agricole, il n'y a aucun doute. Il semblerait que cette douceur lui soit apporté par la chauffe spécifique lors de la distillation. Cependant, il conjugue de très belle manière ces caractéristiques des rhums de l'AOC et une certaine douceur, ce qui là aussi devrait pouvoir séduire des amateurs de rhums plus doux. De plus, il a un nez à tomber, je pourrais juste le sentir pendant des heures ^^
Pour moi, c'est une très belle réussite et elle se trouve déjà dans mon armoire. :)

Vient ensuite une curiosité : le Triple Millésime. Vous avez dans la bouteille une association de millésimes 1998, 2000 et 2007 et une moyenne d'âge (si je me souviens bien ce que l'on ma dit) de 6 ans et demi. Belle idée de conjuguer de la sorte différents millésimes et cela génère immédiatement un intérêt (en tout cas moi ça m'intrigue).
Je sais que certaines personnes l'apprécient beaucoup mais je dois avouer que je ne lui ai rien trouvé d'exceptionnel, loin d'être mauvais pour autant mais sans réelle identité selon moi.

Passons à leur single cask, ou plutôt devrais-je dire, à leurs single casks (les bouteilles sont donc issues d'un fût unique). En effet, il y en a deux, mais du même millésime, à savoir 2001.
Je dois avouer avoir trouvé ça curieux ; les deux ont été vieillis dans des fûts de même taille et provenance et sont donc de la même année. Je m'attendais donc à avoir des rhums très proches, et bien pas tant que ça !
Il y a deux manières de les différencier : le numéro du fût indiqué sur la bouteille et plus aisément la taille de la bouteille, une étant de 50 cl et l'autre de 70 cl.
La version 50 cl (le fût L169) a un nez superbe mais est pour moi en bouche un peu trop boisé.
La version 70 cl (le fût L1A) est le mieux réussi, à mon goût. Il est plus sec que le précédent et est plus sur les épices, ce qui est tout à fait pour me plaire.


Y'a du lourd !
Pour continuer crescendo, intéressons-nous maintenant au Cask Strenght (brut de fût) 2006 (présenté en 50 cl).

Comme vous le savez sans doute, j'aime beaucoup ces rhums dont l'alcool n'a pas été réduit et qui offrent donc une expérience plus "authentique".
Je suis plutôt positif au sujet de celui-ci. Il est bien équilibré, une fois de plus le travail de vieillissement et de choix des fûts a été primordial (et bien réalisé). Ce rhum a été vieilli en fûts de chêne américain neuf, ce qui est assez rare, puisqu'il y a un risque que le boisé soit trop présent. Mais ici, la contenance de ces fûts était de 400 litres, ce qui va moins marquer que des fûts plus petits.
Bref, au final, l'alcool (55.5°), le boisé et les arômes sont vraiment bien associés les uns aux autres.
Le seul problème pour moi est que la finale (ce goût qui vous reste en bouche une fois le liquide avalé) part sur le bois mouillé, pour ne pas dire un peu moisi ; ce qui se confirme lorsque vous sentez le verre vide. Dommage, cela a failli être un sans faute :)


Le dernier que j'ai pu déguster est leur "nouveau" millésime, le 1995.
Juste bien :)
Une attaque très légèrement sucrée, une belle longueur ; meilleur selon moi que le 1999. Malheureusement il sera mis en vente que dans quelques mois si je ne dis pas de bêtise, alors que les autres, à l'heure où vous lirez ces lignes, devraient déjà être disponibles.

Pour être exhaustif, il faut ajouter un millésime 1980 en carafe Baccarat à presque 2000€ la bouteille et limité à une cinquantaine d'exemplaires ainsi que la Cuvée Princesse, assemblage de très nombreux millésimes (je crois 50 mais là comme je l'écris, ce me semble quand même beaucoup ^^).

Au final, je dirais que cette nouvelle gamme est une réussite et mes préférences vont donc pour le VSOP, le single cask 2001 en 70 cl et le millésime 1995.
J'ajouterai également, même si cela reste à confirmer, que les prix auxquels ces bouteilles sont/seront proposées semblent être tout à fait raisonnables, autre bon point pour la marque !



Une autre marque que je suis content d'avoir pu découvrir (d'autant plus que j'avais loupé le coche au Rhum Fest) est Nine Leaves (merci Jean-Claude de m'avoir indiqué leur présence ;)). C'est un rhum japonais élaboré à partir de sucre roux mis à fermenter (et donc ni de jus de canne ni de mélasse, même si plus proche de cette dernière - merci Pascal pour la précision).

Un des rares rhums du pays du soleil levant

Ils n'ont pour l'instant que trois rhums différents : le blanc et deux versions vieillies, l'un en fût de chêne français et l'autre en fût de chêne américain. Je regrette un peu que seule une commerciale ait été présente, car elle ne connaissait pas très bien le produit ; ce qui ne m'a pas empêché de déguster les trois :P

Le blanc tout d'abord. Il est à 50°, mais est tout de même assez délicat. Il est original à plusieurs égards. Tout d'abord par ses arômes de pomme verte assez présents mais aussi par son finish frais et soyeux.

Les versions vieillies sont toujours à 50° ! C'est bien, ça :) Ou plutôt, c'est bien pour l'une des deux...
Celle utilisant du chêne français donne quelque chose de plus sec mais malheureusement l'alcool est, selon moi, trop présent et brûle un peu la langue, dommage.
La version chêne américain, en revanche, est très très bonne ; pas de souci avec l'alcool et un finish qui m'a fait pensé à certains vins blancs de Bourgogne par son côté beurré, un délice. J'ai hâte de connaitre le prix !




Sucré
Alors que je m’apprêtais à repartir du salon après ces presque deux heures de dégustation et de discussion, je me suis dit qu'il serait dommage de ne pas goûter deux autres nouveautés de cette rentrée, dans un tout autre style que les rhums agricoles décrits plus haut.

Pour commencer, le Diplomatico 2001. J'ai eu à la maison, une bouteille de 2000, qui m'avait relativement plu mais que j'avais eu un peu de mal à finir de par son côté sucré.
Celui-ci par comparaison, m'a semblé un peu plus sucré mais aussi plus fruité et moins boisé que son prédécesseur. Ce n'est plus quelque chose qui me plait mais c'est une porte d'entrée (assez onéreuse tout de même) d'une certaine qualité dans le monde des rhums.

Encore beaucoup plus sucré

Et enfin, le Don Papa 10 ans.

Don Papa, rhum philippin, qui a énormément de succès sur sa version 7 ans. Moi, je n'aime pas, du tout. Trop sucré, arômes trop artificiels.

Je me suis dit qu'avec 3 ans de plus, le produit allait peut-être se bonifier, naïf que j'étais. Toujours très sucré (peut-être un peu moins que le 7 ans), avec cette fois-ci des arômes d'orange, de chocolat et de café. En fait, pour résumer, ça n'a rien à voir avec du rhum.




Et c'est sur ces notes sucrées que s'achève cet article. Et comme quoi on ne garde pas toujours le meilleur pour la fin :D




dimanche 12 octobre 2014

Mon Rhum Live 2014 - Bonus

Bonsoir à tous !


La dernière fois, je vous ai fait le compte rendu de mes dégustations lors du Whisky Live. Mais cela ne suffirait pas à vous restituer mon expérience ; il y a un certain nombre d'autres choses dont je souhaite vous parler.



Cerise !
Avant tout, et j'en ai un peu parlé lors de mon précédent article, j'ai trouvé l'organisation de l’événement assez remarquable : un lieu très sympa, pas du tout l'impression d'être dans un métro aux heures de pointe, un choix tout à fait suffisant de rhums (et du reste), des petits plus, comme ces coupons qui donnaient droit à des cocktails gratuits, du pain (d'un des meilleurs boulangers de Paris) et d'autres petites douceurs, sans oublier des invités de marque, dont bien sûr Luca Gargano et monsieur Capovilla, dont j'ai d'ailleurs pu goûter une eau-de-vie de cerise (j'aurais dû en déguster plus...), mais aussi certains grands noms du monde du whisky.




Mais ce n'est pas tout !


Cette manifestation s'étendait sur trois jours et occupait trois étages de la Mutualité à Paris.
Au sous-sol : les non-whiskys, avec entre autre le rhum et c'est donc l'étage où j'ai passé le plus de temps.
Au troisième : les whiskys, je n'y ai même pas mis un pied, pas le temps et d'autres priorités.
Au cinquième : les masterclass, le bar VIP et les bar collectors.

Ne me demandez pas ce qu'il y avait aux autres étages, je n'en ai pas la moindre idée :P


Je n'ai pas grand chose à dire sur les masterclass, je ne les ai pas suivies... Le dimanche il y en aurait eu une susceptible de m'intéresser mais j'ai préféré consacrer mon temps limité à la dégustation.
C'était celui sur les clairins présenté par... Luca Gargano (oui je sais je fais une fixette ^^) et, théoriquement, les trois producteurs haïtiens des clairins mis en avant la semaine dernière (pour la petite histoire seulement un des trois a pu être présent, les autres étant bloqués à Haïti du fait d'une grève en France).

Je regrette un peu quand même. J'aime beaucoup ces clairins et puis Luca est toujours passionnant à écouter. Une prochaine fois !

En attendant, quelques photos prises par Luca à Haïti.

Il faut savoir que Luca Gargano est reporter pour National Geographic...


Je mets ça là parce que sinon je ne vais pas savoir qu'en faire :
Lorsque j'étais au stand Caroni, j'ai vu débarquer un gars, d'une petite soixantaine d'années, visiblement aviné ou plutôt whyskiné, aborder la jeune femme qui faisait la dégustation à grands coups de : "Servez-moi votre meilleur, mais vraiment le meilleur, le plus cher quoi." Et de lui agiter sous le pif son bracelet VIP, qui apparemment donne aussi le droit d'être grossier.
Elle lui sert bien gentiment ce qu'elle avait de meilleur, et après avoir bu son verre d'une traite, il s'en va sur un "Oui c'est bon, et vous êtes vraiment charmante mademoiselle."
Fallait que je mette ça quelque part, c'est fait.



Le bar VIP, réservé aux... VIP, ouais s't'original. Mais moi, contrairement à un certain nombre de personnes que je connaissais, je n'avais pris que le billet normal.
Bref, ce n'était pas pour moi étant donné mon bracelet de la mauvaise couleur.

Heureusement un confrère (merci JC :)) a pu me faire passer des verres depuis la "zone 51" sous les yeux désintéressés du vigile à l'entrée, dont certains pas mauvais du tout !
Et les rhums en questions n'étaient autres que les nouveaux embouteillages de Silver Seal, encore un autre embouteilleur italien de différents spiritueux, dont la qualité des produits n'est plus à démontrer et qui choisit toujours des étiquettes hautes en couleurs comme vous pouvez le voir sur cette photo qui suit.

Mes souvenirs (assez distants et flous) sont les suivants. Avant tout une gamme assez homogène dans la qualité. Le Panama est sur la douceur et est donc moins à mon goût. Le Barbade est typique de ce pays, et j'aime bien, ses arômes sont assez classiques mais contrairement au précédent, il est sec. Le Demerara (Guyane Anglaise)... je ne m'en rappelle pas, honte sur moi. Il ne m'a pas marqué en tout cas, ni en bien, ni en mal.

Et enfin le Barbancourt (Haïti), mon préféré des quatre. C'était déjà une surprise de voir un Barbancourt, embouteillé par Silver Seal, je ne pensais pas qu'ils vendaient certains de leurs fûts. Le 15 ans chez eux est d'un bon rapport qualité/prix mais je dois avouer que celui-ci m'a fait plus forte impression que le Barbancourt de... Barbancourt ^^ Reste à voir quel sera son prix.

Oh les zoulies couleurs !


J'ai d'ailleurs finalement pu rentrer au bar VIP, un confrère m'ayant prêté son badge presse (merci Cyril !), ce qui m'a permis non pas de goûter d'autres rhums mais de faire un peu plus ample connaissance avec d'autres amateurs du groupe Facebook "La Confrérie du Rhum", dont le géant à la barbe, la pourriture la plus vocale, le pharaon au gros objectif et enfin le Professeur du rhum ;)
Content de vous avoir rencontrés messieurs (et désolé pour ces surnoms ridicules :D).



À ce fameux 5ème étage, il y avait donc également les "bars collectors", un consacré au whisky, on s'en fout, et un consacré au rhum.

Et alors là mes amis, le terme "collector" était loin d'être usurpé ou galvaudé. Je n'ai pas la liste en tête mais il y avait des agricoles aussi bien que des traditionnels, avec par exemple un Caroni 1982, un Port Mourant 1974, un Saint James 1885 (vous avez bien lu !), du Neisson, du Trois Rivières, du JM et beaucoup d'autres, et bien sûr uniquement des millésimes hors du commun.



Quelques centilitres de Légende dans mon verre
Pour goûter à ce genre de pépites, il faut pouvoir mettre le budget. Il y avait un système de jetons vendus à l'extérieur du bar, à 5€ pièce. Pour savoir de combien vous alliez en avoir besoin il suffisait de regarder la carte, chaque rhum "coûtant" un certains nombre de jetons. Pour avoir un verre du Saint James cité plus haut, le plus cher de la carte, il fallait par exemple 10 jetons.


J'ai jeté mon dévolu sur un Skeldon 1973, rhum dont j'ai déjà parlé sur ce blog et que je n'aurai vraisemblablement jamais dans ma cave.
Et bien j'en ai eu pour mes 5 jetons ! Avant tout, la quantité servie (et mesurée) était tout à fait respectable et suffisait largement à apprécier le monstre.
Une couleur foncée, presque rouge laisse présager ce qu'il va offrir : quelque chose d'exceptionnel.
Et en effet, on n'est pas déçu : il y a de tout dans ce rhum, des fruits, du bois, du caramel, du tabac et des épices... Et le tout d'un équilibre et d'une puissance remarquables.

Je regrette seulement de ne pas avoir eu plus de temps pour le laisser évoluer plus longuement :)




Voilà, c'est sur cette expérience unique que s'achève mon récit de ce Whisky Live 2014.


dimanche 5 octobre 2014

Mon Rhum Live 2014 - Les dégustations

Ça fait déjà une semaine ; une semaine que j'ai passé une excellente après-midi au Whisky Live - mais pour le rhum :)


Je dois dire que j'y allais sans trop en attendre et ce pour plusieurs raisons.
Avant tout du fait que ce soit un salon - principalement - consacré au whisky mais également du fait du prix élevé du ticket d'entrée ; 40€ pour un jour pour un billet normal (et non pas un billet VIP). Je veux dire par là que je ne voyais pas vraiment comment ce prix allait être "justifiable" pour l'amateur de rhum que je suis.

J'avais tout faux et je vais vous expliquer pourquoi :D



Me voilà donc en route pour cet événement parisien, qui avait lieu cette année encore à la Mutualité dans le 5ème arrondissement. J'y vais le deuxième jour, le dimanche (ça dure jusqu'au lundi mais cette dernière journée n'est accessible qu'aux professionnels) et y retrouve un petit groupe d'amateurs de spiritueux.

Petite difficulté à l'entrée (non pas avec la poussette cette fois :P) étant donné qu'on ne peut pas avoir de sac avec soi (si ce n'est un truc modèle réduit, dans le genre sac à dos pour playmobil). Heureusement je n'avais rien de vital avec moi si ce n'est mon portefeuilles et mon appareil photo qui ont tous deux finis dans mes poches, alors que le sac, lui, s'est retrouvé au vestiaire (gratuit).

Nous voilà prêts à affronter la foule, armés de notre petit livret explicatif remis en échange du billet d'entrée. Bien foutu le livret en question. Il nous permet, entre autre, de voir que les alcools non-whisky sont au niveau -1 ; "Super, ils nous mettent à la cave..." ai-je pensé - oui il m'arrive d'être un peu bête.

Nous descendons la volée de marches et arrivons dans une pièce spacieuse et loin d'être bondée. On repère les lieux, avec les nouveaux Demerara par ici, les Clairins par-là, les agricoles à côté etc...

Et là ze couestionne : par quoi commence-t-on ? Notre réponse à cette question : plus ou moins suivre un chemin logique de dégustation, avec donc pour débuter les traditionnels (mais pas les monstres de Velier ;)).

L'Île Maurice bien représentée :)

Premier stand : New Grove. Si vous suivez mes aventures depuis le début, vous savez que leur 8 ans a été une de mes premières bouteilles et qu'il m'avait particulièrement plu à l'époque. C'était donc l'occasion d'y retremper mes lèvres mais aussi de goûter au reste de leur gamme, y compris le single cask, tiré à très peu d'exemplaires et qui me faisait de l’œil depuis bien longtemps.

On entame la dégustation par le blanc, agréable surprise ! Question rhums blancs, pour moi il n'y a pas photo, il y a ceux issus du pur jus de canne et... pas grand-chose d'autre. Mais là, je l'ai trouvé plus intéressant et aromatique que les autres traditionnels que j'avais pu goûter jusqu'alors ; toujours pas au niveau des agricoles pour autant, mais bien.
Nous avons fait l'impasse sur le spiced (sorte de rhum aromatisé et sucré dans la plupart des cas, destiné à la mixologie - terme pompeux pour dire "à faire des coktails") et sommes directement passé au 5 ans, en fait un assemblage de 5, 6 et 7 ans, les deux derniers étant là pour arrondir les angles. Il est encore jeune cependant et manque, pour moi, de rondeur et de complexité ; je suis certain que certaines personnes le préféreront au 8 ans, question de plaisir personnel (non, pas celui-là...).
Le 8 ans justement ; toujours agréable. Il est vrai que l'évolution de mes goûts m'a amené vers des rivages un peu plus puissants et complexes mais j'ai pu tout à fait comprendre pourquoi il m'avait plu à l'époque avec ce boisé bien présent.
Vient enfin le moment de déguster ce single cask (fût unique) tiré à très peu d'exemplaires, moins de trois cents je crois.
Et bien au final, légèrement déçu (mais j'en attendais sans doute trop). Bien qu'il soit vieilli 9 ans, je le trouve plus proche du 5 ans que du 8 ans. Le côté brut de fût (presque 50°) est sympa et lui donne encore plus de longueur mais je lui ai trouvé un côté trop jeune en bouche. Tant pis.


D'autres rhums italiens ; il n'y a pas que Velier dans la vie. Quoi que... ? :P
Second stand : Rum Nation.
Voilà un autre embouteilleur italien, oui il y a en plusieurs, les italiens sont plutôt bons en ce domaine. J'en ai quelques-uns à la maison mais encore aucun d'ouvert, voilà donc l'occasion de tester un peu leur gamme.
Là, je me dis, on va commencer par le blanc et finir par le Caroni ; tout faux !
Le Barbados anniversaire tout d'abord. On reconnait le style des Barbades que j'aime beaucoup, même si là je lui ai trouvé un manque d'intensité, un peu trop doux, pas sucré attention.
Voilà ensuite un Demerara (région de Guyane anglaise mais vous devriez le savoir depuis le temps que je vous en parle), le Solera N°14. Pas grand-chose de solera pour moi dans ce rhum - ce qui n'est pas forcément un mal. Un côté plus franc et moins subtil que le précédent avec des arômes plus marqués avec par exemple du tabac. Toujours pas vraiment mon truc, rien d'exceptionnel.
Le Caroni pour continuer, ces rhums de Trinidad si particuliers par lesquels je ne suis toujours pas entièrement convaincu. Eh bien celui de Rum Nation est plus abordable que les Velier. La principale différence : il est "sucré". Bon, ce n'est pas une bombe de sucre non plus mais il n'est pas sec comme ses homologues d'autres embouteilleurs. Pas mal donc.
Et enfin, ce Jamaïcain blanc. Avant de l'avoir dans le verre j'étais vraiment très surpris que le représentant de la marque nous suggère de finir par celui-ci, surtout après un Caroni, qui pour moi signifie souvent "saturation des papilles".
Bon... Il avait évidemment raison ce brave monsieur. Non seulement ce rhum non vieilli était-il légèrement plus fort en alcool que le Caroni mais ses arômes étaient tout bonnement hallucinants pour moi. Du jamais vu dans les rhums blancs traditionnels ; puissance, richesse, complexité, évolutivité. En deux mots : fort bien ! J'essaierai de le regoûter chez un caviste pour être définitivement fixé.

Aller simple pour la Thaïlande.
Bon on se dit qu'il est temps d'aller voir les créations Velier.
Mais en chemin, nous voilà attirés par un rhum d'une marque encore inconnue : Chalong Bay.
Nous nous y arrêtons et sommes abordés par les sympathiques personnes représentant la marque. Ils nous expliquent qu'il s'agit un rhum thaïlandais (ah quand même !), plus précisément distillé à Phuket (ah quand même !²) et que la canne à sucre est justement originaire du sud-est asiatique et qu'il est donc logique de produire du rhum de cette région du monde.
Nous dégustons et je suis surpris : des saveurs de rhum agricole, alors que sans avoir vérifié, je m'attendais à un rhum issu de mélasse. Je demande donc confirmation, et oui, voilà un rhum fait à partir de jus de canne. Et surtout, voilà un rhum pas mal du tout. Seul bémol en ce qui me concerne, un petit manque de puissance avec ses petits 40°.

Nous sommes curieux et posons pas mal de questions, voilà les quelques informations que nous avons pu glaner. Leur principal débouché est la Thaïlande et ils commencent toujours à s'attaquer au marché européen. Ils ont plein de projets, avec des versions plus fortes en alcool et des rhums vieillis - franchement, j'ai hâte :)


Nous ne pouvions pas faire l'impasse sur le stand d'à côté : Bielle.

Bielle est une distillerie de Guadeloupe, ou plus précisément de Marie-Galante. Toute la gamme en dégustation, ça promet. Connaissant le 2006 et le brut de fût 2003 (tout simplement excellent mais dont le prix a malheureusement récemment augmenté !), je décide de tester le blanc (à 59°, réputé pour faire les ti'punchs), l'Ambré, pas très intéressant et enfin le millésime 1998 (la carafe à droite sur la photo).
Je suis mitigé sur cette dernière. La puissance est bonne, le nez est intéressant, l'attaque en bouche est bien, mais voilà, la finale ne me plait pas et la finale c'est important, c'est ce qui dure... Je pense que cela vient du boisé, qui est trop marqué du fait du long séjour du rhum dans les fûts mais aussi de la nature du bois utilisé. J'ai déjà trouvé ce goût, qui n'est pas au mien, dans le Trois Rivières 8 ans, le Saint James 15 ans ou encore le Longueteau XO. Il va falloir que je me renseigne sur des potentiels points communs entre ces rhums.
Pour la petite histoire, juste hors champ sur la photo (à droite) était exposé le fameux Bielle millésime 1994, qui m'avait tellement séduit le jour où j'avais eu la chance d'y tremper les lèvres. Malheureusement, celle-ci n'était pas en dégustation :(


Prochain arrêt : Haïti. Et également le premier stand Velier. Depuis l'année dernière, l'embouteilleur italien propose trois clairins différents.
Le clairin est un alcool de canne à sucre. Son élaboration est tout à fait semblable à celle du rhum si ce n'est qu'il n'est pas raffiné après la fermentation. De plus, cette gamme est "plus que bio", puisqu'il n'y a aucun produit chimique utilisé sur la canne et que toute la récolte se fait à la main (et le transport par des bœufs). Ils sont embouteillés à leur dégré naturel.
Je connais bien ces trois clairins, puisque j'ai une bouteille de chaque de l'année dernière. Les trois ont des profils aromatiques bien marqués et très différents ; ils s'échelonnent du Sajous, le plus proche d'un rhum blanc agricole, jusqu'au Casimir, d'une intensité remarquable - certains amateurs ne jurent que par lui, je le trouve personnellement "trop". Ses arômes de truffe et de litchi "pourri" sont écœurants à mon goût. Et entre les deux, le Vaval, finalement mon préféré des trois, qui présente un bel équilibre.
Bon et bien, surprise, cette année, les revoilà, mais ce sont en fait de nouveaux millésimes et leurs identités gustatives en sont totalement modifiées. Aucune n'a l'exubérance du Casimir précédente version par exemple. En revanche pas de surprise, ils sont bons :D
Il va falloir que je les déguste à nouveau afin de me les (ré)approprier ; cela ne devrait pas trop me demander d'efforts ou de sacrifices ;)


Au moment où j'écris cette légende, je suis en train de finir ma bouteille :)
Sur le stand contigu sont présentés les "fameux" Rhum Rhum nés de l'association de plusieurs grands talents du monde des spiritueux : Bielle - Capovilla - Velier.
Je vous ai déjà parlé de certaines de ces bouteilles sur mon blog et je ne vais pas trop m'y attarder.
L'idée de Luca Gargano (l'instigateur du projet) était avant tout de créer une eau-de-vie de canne d'une très grande qualité, c'est pour ça qu'il a choisi Bielle (réputé pour ses excellents rhums et la qualité de leur canne à sucre) et Vittorio Gianni Capovilla, expert en eaux-de-vie de fruits (certaines de ses créations étant d'ailleurs également en dégustation au Whisky Live). Les savoir-faire conjugués de ces trois "associés temporaires" ont naturellement donné un résultat tout bonnement exceptionnel.
Le rhum blanc est un des meilleurs que j'ai pu goûter et est disponible en deux versions, la verte, réduite à 41° et la orange au degré naturel de 56°. C'est cette dernière qui vaut vraiment le détour, elle offre plus de complexité et de puissance que sa version "light".


Des langoustes...
Avec une telle matière première, vous ne serez pas surpris, les rhums vieillis sont de petites merveilles. Ils portent le nom poétique de Libération 2010 et Libération 2012 (il devrait y avoir un Libération 2015 en fin d'année prochaine), le précieux liquide étant libéré de son fût.
Le 2010, qui commence à être dur à trouver, n'était malheureusement pas dégustation, en revanche le 2012, lui aussi sous ses deux formes, était bien là.
Et là aussi ma préférence va au brut de fût (59.8°). La pierre à fusil et la poudre y sont très présentes et c'est ça que je lui trouve de si agréable. La bouteille n'est pas donnée, on se rapproche des 100€ mais je ne regrette vraiment pas mon achat d'il y a bientôt un an.
Quoi qu'il en soit, j'ai vraiment hâte de découvrir le prochain Libération !


Merci à Jean-François pour la photo (j'ai réussi à paumer les miennes...)

Nous y sommes ! Le moment d'aller goûter les nouveaux/futurs embouteillages de demerara de chez Velier.
Quatre étaient présentés et pas tous les mêmes que j'avais pu découvrir lors de mes visites à la boutique éphémère il y a plusieurs mois. Cependant au moins un point commun : dégustation faite par le passionné et très sympathique Daniele :)
Proposés aujourd'hui : un Diamond 1999, un Uitvlugt 1997 et deux blends, un Diamond & Port Mourant et enfin un Enmore & Port Mourant.
Ma préférence va à l'Uitvlugt, dans lequel je retrouve certains traits caractéristiques de ces Demerara que j'aime tant, si je devais le rapprocher d'autres, je dirais : mélange de l'Enmore 1995 et du Diamond 1981. Si je devais critiquer quelque chose, je dirais qu'il manque un peu d'originalité. Mais son équilibre me fera l'acheter sans aucun doute.
Le Diamond, à l'inverse, est celui qui m'a le moins convaincu. Y domine un goût de tabac, que j’apprécie par ailleurs lorsqu'il est présent en périphérie des caractéristiques principales ; ici, il est trop présent pour moi. Il y a aussi de la fumée (oui ça reste dans le thème ^^).
Je dois avouer ne pas me rappeler exactement les deux blends... Honte sur moi. Ce dont je me souviens, c'est que j'ai préféré le Enmore & Port Mourant. Dans tous les cas, je vais devoir regoûter tout ça ! :)
Une manière de résumer : j'ai préféré les non Diamond ^^


Les trois, avec pas mal d'infos. Et non, ceci n'est pas mon ombre, mais un effet artistique ! :P
On reste, pour finir, chez Velier, mais on change de pays ; à nous Trinidad !
Deux (au moins) futurs embouteillages vont sortir de la distillerie Caroni dans les mois (semaines ?) qui viennent. Un 1998 et un 2000.
Pour être plus précis, un single cask 2000, à 70°, nom d'un petit bonhomme en mousse ! Et un millésime 98, potentiellement embouteillé en brut de fût (64.5°) ainsi qu'en version réduite à 55°.
Peut-être est-ce moi qui me fait de plus en plus à la typicité Caroni, ou bien ces deux-là étaient-ils meilleurs que certains autres que j'ai pu goûter, quoi qu'il en soit, j'ai bien aimé.
J'y ai retrouvé les arômes Caroni mais avec plus de complexité. Maintenant, c'était la fin de journée et surtout la fin de dégustation, mes souvenirs sont... moins frais :D
Ils ont d'ailleurs apparemment eu beaucoup de succès dès le samedi, car les quantités restantes dans les bouteilles étaient vraiment minimes et du coup, pareil dans les verres, un peu dommage.


Conclusion des dégustations : vraiment très bien ! Pas mal de choses à tester, pas trop de monde aux stands et beaucoup de gens passionnés pour vous faire découvrir leurs produits.
C'est sûr, j'y retournerai l'année prochaine :)