dimanche 29 mai 2016

Vous n'auriez pas La Mauny ?


Ben si justement, ça tombe bien, la voilà.

Donc oui, une soirée passée "chez" La Mauny jeudi soir. Merci Jerry pour l'invitation !
L'occasion de déguster une nouvelle fois leur gamme, de rencontrer d'autres amateurs et de manger du homard, ben ouais je suis comme ça moi !

Une petite serre du plus bel effet
Très joli lieu choisi par la distillerie, vers le bas des Champs Elysées.
J'arrive à l'heure dite, me demandant à quoi ce genre de soirée ressemble et si je risque de me sentir un peu seul. Craintes qui vont s'avérer totalement infondées. Déjà à l'arrivée devant le restaurant/bar/salle de réception (oui j'ai un peu de mal à définir cet endroit ^^), je tombe sur deux camarades bien connus. Ce ne seront que les premiers, puisque je croiserai plus tard pas mal de confrères, ainsi que certains professionnels de ma connaissance.

Bar avec cocktails créés pour la soirée
Niveau organisation, c'était du joli : deux espaces, un intérieur, avec les endroits dégustation et un extérieur avec une fort sympathique terrasse où nous avons pu profiter de cette soirée presque estivale.

Ma soirée s'est déroulée en deux parties, une consacrée à la dégustation justement et une seconde aux cocktails et à tout le reste (il est même possible que les deux parties se soient un peu confondues à un certain moment ^^).


Je n'ai pas été aussi studieux que lors de salons, du coup voici mon court compte-rendu sur les rhums La Mauny et plus globalement la soirée.


J'ai naturellement commencé par les blancs, deux étaient disponibles, le 50° et le Ter' Rouj'.
Le premier ne vaut, pour moi, pas le détour ; je l'ai trouvé relativement acide (très citron) et quelque peu amère. Alors je sais il n'est pas fait pour être bu pur, mais il y a d'autres rhums blancs "de base" qui sont tout à fait appréciables seuls.

Le Ter' Rouj', qui m'avait laissé une impression modérée, a trouvé une grâce nouvelle à mes yeux. Je l'ai trouvé bien équilibré, vraiment sur la canne, assez floral - ce qui plait à beaucoup - et ses 45° sont bien dosés. Une redécouverte !

L'ambré est très sur la canne, c'est un des rhums vieillis 18 mois les moins marqués par le fût que j'ai pu goûter. Sans doute très bien pour des ti-vieux.

Le Signature ensuite, dont je vous ai déjà pas mal parlé, car il me plait beaucoup pour un 3, 4 ans. J'en sais un peu plus sur son vieillissement particulier. Comme indiqué sur la bouteille quatre fûts différents sont utilisés. La majeure partie du résultat final est principalement cognac et bourbon ; une partie du reste est âgée dans des fûts de Moscatel et l'autre partie en fûts de Porto. Le résultat est un VO qui se déguste seul.

C'était bon !
C'était très bon !
C'est à ce moment de la soirée que j'ai vraiment profité de la nourriture, il commençait vraiment à faire faim !
Petite parenthèse donc, pour vous parler non seulement des amuses bouches, variés et fraîchement préparés (boudins, sot-l'y-laisse, accras, samoussas, brochettes de thon cru et mangue, crevettes marinées et j'en passe), mais aussi de homard au barbecue et sa sauce vierge, et également pour le sucré, des brochettes d'ananas rôti et du riz au lait de coco et mangue. Tout était vraiment bon et en quantité suffisante pour rassasier les convives (et surtout moi :D).

Pour en revenir au rhum, je dois avouer avoir bu le XO avec plaisir mais sans y avoir prêté vraiment attention, honte sur moi...
Je me rappelle simplement qu'il y avait une différence notable avec le Signature (normal en même temps ^^).

J'ai pu goûter une nouvelle fois le Cuvée du Nouveau Monde, qui si je me souviens bien, est un blend de quatre millésimes : le 2005, le 1999, le 1998 et le 1979 (on ne connait pas les proportions).
Je le trouve meilleur que le 1998 mais en dessous du 1979. Son point fort est sa longueur. Le nez n'est pas mal non plus (même si je n'ai pas pu en profiter pleinement avec les odeurs de nourriture), en revanche la bouche dégage une certaine amertume qui m'a déplu. La bouche est pour moi l'étape la moins importante (car la moins longue), du coup, cela reste un rhum intéressant mais tout de même cher, entre 160€ et 200€ selon les vendeurs. Je lui préfèrerais nettement un millésime 1979, pour un prix relativement proche.

Pour finir, j'ai pris quelques planteurs, que j'ai trouvé très agréables, mais je n'y connais rien en planteur :D

Cette terreasse sera pleine deux heures plus tard !

Bref, une bien belle soirée, à plus d'un titre : liquide, solide, cadre, et bien sûr : joyeuse compagnie !



dimanche 15 mai 2016

Les dégustations : la collection rare des distillateurs limités de la Demerara


Titre alternatif : La traduction littérale c'est de la merde :D

Pour ceux qui n'ont pas encore compris, nous allons parler de la Rare collection de DDL ou Demerara Distillers Limited.

Des parfaites bouteilles à tester avec des échantillons !

Avant de passer à mes notes de dégustation, vous n'allez pas échapper à un petit laïus.
Pour commencer, comme vous le savez, je suis un fan des rhums de Guyane Anglaise embouteillés par Velier, sous l'égide de Luca Gargano. Des noms tels que Albion, Enmore ou encore Uitvlugt eh ben ça m'émoustille. Mais voilà, ces bouteilles (surtout les plus anciennes) deviennent très, mais alors très, dures à trouver, sans compter qu'il faut casser le livret A des enfants pour s'en acheter.
Histoire de faciliter encore l'obtention de ces bouteilles, l'accord entre Velier et DDL n'est plus. Luca Gargano n'a plus la possibilité d'aller "faire son marché" dans leurs chais de vieillissement pour faire ses embouteillages, du coup, pour faire simple : c'est la fin.

Mais est-ce vraiment la fin de ces rhums de Guyane Anglaise bruts de fûts à vieillissement intégral sous les tropiques ?

Eh bien oui !

*Fin de l'article*



Ben non, bien sûr que non :P

Nos amis de Demerara Distillers Limited ont eu la bonne idée de marcher sur les traces de Velier et de sortir des bouteilles dans un esprit similaire.
Les trois premières expressions sont sorties il y a quelques semaines, exclusivement en Europe.
C'est de ces trois rhums dont nous allons parler ce soir.



Un des rares Versailles sur le marché
On commence par le Versailles 2002.
Au nez, tout d'abord, il offre une impression de chaleur. Les fruits à coque, la noix et l'amande, comme passés à la poêle, frappent par leur magnitude. La mélasse dans un second temps, et ses accents de réglisse, vient comme enrober ces fruits à coque.
L’ensemble est très gourmand mais pas lourd (entre autre du fait de l’orange mais aussi de la menthe fraîche). Une pointe de café vient apporter une touche aromatique supplémentaire.

En bouche, l’attaque est équilibrée en dépit de ses 63%, l’alcool est présent bien sûr, mais son côté sucré vient le contrer. Là aussi, la noix et l’amande (toujours englués de mélasse réglissée) sont sur le devant de la scène.
Cette bouche est légèrement tannique et les notes torréfiées reviennent. Des touches de caramel font également leur apparition et augmentent encore son caractère gourmand.

La finale est très longue et on revient sur cette impression chaleureuse. Le café et la réglisse ne nous quittent pas. Le bois est également présent ainsi qu’une légère impression de caramel brûlé. L’ensemble est agréable, gourmand mais sans être écœurant grâce à sa relative fraîcheur.

Il est vraiment gourmand et pas seulement pas sa douceur. C'est aussi celui dont la finale est la plus longue, vraiment pas mal.



Plus intéressant que gourmand
Le Port Mourant 1999 maintenant.
Le nez est dense. La réglisse et l’anis prennent des proportions écrasantes. Suit d'assez près le boisé, lui aussi très présent. Viennent ensuite les fruits (orange en tête) et l’olive ; ces deux éléments ne sont pas franchement preuve de timidité non plus.
Pour finir une discrète note mentholée complète ce profil aromatique. L’alcool, bien qu’il tienne sa place, est bien intégré et porte les arômes sans prendre le dessus ou les masquer.

En bouche, intensité et concentration sont toujours au rendez-vous. Les marqueurs principaux détectés précédemment n'ont pas décidé de nous laisser tranquille. La réglisse et l’anis font jeu égal avec ce boisé (plus présent ici qu'au nez). L'olive et l'orange ne s'en laissent pas compter et tiennent leur rang.
L’attaque, bien que puissante et légèrement astringente, n’est pas dénuée d’une relative douceur.

La finale est plutôt longue mais complexe et changeante. Des notes empyreumatiques, des arômes de cuir, de réglisse et de menthol vous accompagnent depuis la fin de bouche jusqu'à la toute fin de la dégustation.

Un rhum qui offre une intensité hors du commun. Mêmes les arômes secondaires sont très puissants. C'est sans doute le moins gourmand des trois mais il n'en demeure pas moins une expérience intéressante.



Je suis amoureux du 1995 de Velier
Et nous finissons donc pas le Enmore 1993.
Au nez, gourmandise et complexité s'accordent. Les fruits sont très présents dans cet Enmore : abricot, pruneau et, un peu en retrait, la pèche, le tout a comme été confit dans le sirop. C'est dans un second temps que la noix et des notes torréfiées se manifestent.
L’alcool est extrêmement bien intégré, c’est assez bluffant.
On pourrait craindre l'ensemble un peu lourd, voire écœurant mais cela serait sans compter sur une fraîcheur bien présente qui permet à ce rhum d'être très équilibré.
Après une longue période de repos, des touches de tabac apparaissent mais surtout la banane qui devient de plus en plus présente (oui un fruit de plus ^^).

En bouche, l’alcool est bien plus présent qu’au nez et l’attaque est relativement douce, presque sucrée (l'un dans l'autre, cela offre une certain équilibre là aussi).
Seconde surprise, le boisé est très présent et prend même des accents tanniques. La fraîcheur demeure, voire même s'accentue.
Les fruits omniprésents et si agréables au nez sont malheureusement beaucoup plus discrets.

La finale est assez longue et toujours très marquée par le fût (et même légèrement amère). Le tabac, assez discret, nous accompagne, ainsi que de timides notes de sucre roux.

Ce nez... Ô ce nez... Malheureusement, cette gourmandise fruitée disparaît presque totalement en bouche puis sur la finale. Dommage :(



Voilà donc pour ces trois rhums aux profils très différents.

Je dois avouer qu'aucun des trois ne m'a totalement et entièrement convaincu. Cependant, nous avons : une gourmandise, une bête d'intensité et un nez magnifique.
C'est d'ailleurs sans doute le premier des trois qui m'a le plus plu.
Il y a une petite polémique sur la présence ou non de sucre ajouté à ce Versailles. Une mesure montrerait qu'il y a environ une quinzaine de grammes par litre de sucre ajouté mais Luca Gargano soutient qu'il n'y a eu aucun ajout, et ce n'est pas le genre à aller raconter des billevesées ce bon vieux Luca. Difficile donc d'en savoir plus mais en tout cas, il est bon :)

Quoi qu'il en soit, ces trois identités trouveront leur public à n'en pas douter.
J'espère deux choses pour un avenir plus ou moins proche : que ces bouteilles ne soient pas (trop rapidement) sujet à spéculation et que DDL nous en sorte d'autres encore meilleures, car après tout, ce n'est qu'une première tentative :)


dimanche 1 mai 2016

Putain, 2 ans !

Il n'y a pas que les rhums agricoles dans la vie...

Oui, cela fait maintenant deux ans que je vous saoule avec mes histoires perso.
D'un côté, je me dis que c'est assez court finalement et d'un autre côté, j'ai l'impression que cela fait déjà bien plus longtemps que ça. A tel point que j'ai du mal à me rappeler de "l'avant". C'est un peu idiot (je trouve), mais l'écriture du ce blog, intimement liée à mon expérience du Rhum, a été tellement intense et prenante, qu'elle fait désormais partie intégrante de ma vie.

Non seulement, comme je vous l'ai expliqué il y a un an, il m'a permis de vivre ma passion encore plus intensément mais il m'a aussi permis de rencontrer tellement de gens intéressants et passionnés.
Comme encore très récemment pendant le Rhum Fest à Paris. Je parle autant de certains professionnels (pour n'en citer que quelques-uns : Cédric Brément, Guillaume Ferroni, François Longueteau, Cyril  Lawson...) que d'autres amateurs comme moi.

Une seconde année également marquée par des lectures de plus en plus nombreuses sur la qualité dans le monde du Rhum ; ce que qualité veut dire, les dérives, les tentatives de mise en place de classification...
Tout le monde n'en est pas convaincu mais je suis persuadé que sans la mise en place et/ou l'application de certaines règles, le Rhum (oui ça fait beaucoup de Rhum avec un grand "R") ne pourra réellement évoluer de manière profonde et bénéfique.

C'est aussi une année où la "premiumisation" s'accélère, chaque marque veut avoir sa bouteille haut de gamme, sa carafe vendue à prix d'or.
C'est tout aussi vrai pour les rhums blancs que pour les vieux d'ailleurs.
Seulement voilà, sans les règles évoquées plus haut, compliqué (pour ne pas dire impossible) de connaitre la qualité de ces bouteilles et de savoir si elles valent leur prix.

J'avais aussi annoncé il y a un an que j'aurai moins de temps pour écrire et bien que ce soit vrai au vu du nombre d'articles écrits (quoi qu'il faudrait voir en fonction de la longueur des articles ^^), je vous ai quand même sorti 6 articles en un mois et demi - pour ceux qui sont nuls en maths, ça en fait un par semaine.

Deux ans durant lesquels, j'ai pu déguster, goûter, tester et boire énormément de choses ; tous les styles (mais pas trop de rons parce que bon faut pas déconner non plus :P), tous les âges, toutes les puissances, toutes les méthodes de distillation, toutes les matières premières... Et pourtant il en reste encore tellement à découvrir, et c'est tant mieux !
Cela devrait pouvoir m'aider à vous raconter ma vie pour encore quelques années ;)

... mais il y en a quand même de très bons ;)