lundi 30 juin 2014

Un rhum... allemand ?!

"Ma femme est allemande.
- Et alors, qu'est-ce que tu veux que ça nous fasse ?
- Ben attendez une minute, que je vous parle de...
- Non mais arrête un peu. C'est quoi le rapport avec le rhum ? Hein ?
- J'y viens, une seconde. Ma femme est donc allemande, ce qui me donne l'occasion de me rendre en Allemagne plusieurs fois par an, dans la Ruhr, région sur-industrialisée jusque dans les années 70 où elle a été heurtée de plein fouet par la crise de 1973. Et depuis plein d'usines ont fermé. Ce qui est étonnant c'est que cette région est super verte, y'a des forêts partout, loin de ce que l'on imagine.
- Heu, tu fais pas un peu du hors-sujet là quand même ?
- Si, et alors, c'est mon blog ! Si j'ai envie de parler deux minutes de l'Allemagne, je peux quand même !
Mais vous n'avez pas tort. Je vais y venir."


Donc lors de ma dernière visite, j'ai eu l'occasion de chercher des cavistes à Bochum et Herne. A cette période-là j'étais surtout à la recherche de Demerara de chez Velier (oui certes, toujours aujourd'hui :P) et j'avais l'espoir secret de trouver un caviste avec quelques bouteilles de derrière les fagots, qui aurait apprécié que je l'en débarrasse pour une modique somme.

Bon, je ne vais pas vous donner de faux espoir, je n'en ai pas trouvé :(
Mais j'ai trouvé du rhum quand même !



La Ruhr \o/
Premier arrêt : Bochum.
*Petite musique désuète et voix off sentant la naphtaline* Ville de 365000 habitants, 16ème ville la plus peuplée d'Allemagne, datant du 9ème siècle, lorsque Charlemagne établit à la jonction de deux routes commerciales...

Oui bon j'arrête :D

Bref Bochum où ma belle-sœur a pu nous indiquer un caviste franchement bien achalandé mais surtout en vins et en whisky. Je fais le tour de la (très jolie) boutique et trouve le rayon, un peu petit à mon goût, des rhums. Outre certains classiques essentiellement de tradition espagnole (Zacapa et autre Millionario par exemple), il y avait une très belle collection de bouteilles de la gamme Plantation dont 3 single casks que je n'avais pas encore eu l'occasion de goûter.
Plantation est la marque de rhum de la maison Cognac Ferrand. Leur démarche est la suivante : leurs rhums, qui viennent de plusieurs pays des caraïbes, sont d'abord vieillis et amenés "à maturité" dans leur pays d'origine. Ils sont ensuite emmenés en France et vont être affinés dans de petits fûts ayant préalablement servis au vieillissement de cognac enfin d'amener quelque chose de nouveau au rhum. Ils ont beaucoup de références différentes (une bonne vingtaine je crois, y compris certains single casks).
Vraiment un gamme intéressante Plantation

C'est alors qu'un vendeur s'approche et me propose son aide - en allemand. Je demande en un allemand approximatif si il parle anglais, il me répond que oui. Premier bon point ^^
On commence à parler un peu ; je demande quand même s’il n'a pas un Velier à la cave, mais ce n’est pas le cas. Je lui enlève son bon point ! Que je ne vais pas tarder à lui rendre quand il m'explique qu'il est possible de déguster. Je vais donc en profiter pour découvrir deux single casks de chez Plantation, celui de Cuba et... un autre dont je ne me rappelle pas ; la seule chose dont je me souviens c'est qu'il était trop sucré à mon goût.
Le cubain en revanche a un côté légèrement fumé très plaisant. Ça n'a pas vraiment été un coup de cœur mais ils étaient tellement sympa chez ce caviste que je suis reparti avec (et deux bouteilles de vin tant qu'à faire :)). Je ne l'ai pas encore ouverte mais je suis assez curieux de voir si elle correspond au (vague) souvenir que j'en ai.


Le lendemain, direction Herne, autre ville du coin. Nous sommes samedi matin et la journée verra apparemment une sorte de célébration de quelque chose, avec une sorte d'énorme banquet pour fêter ça sur une grande place piétonne. Sur tout le tour de cette place, plein de boutiques mais surtout, deux cavistes.
Je passe rapidement sur le premier, qui premièrement n'avait pas de Velier, deuxièmement ne proposait pas de dégustation et troisièmement qui n'avait que des rhums légers et doux de tradition espagnole.

Je vais moins vite passer sur le second :)
La bouteille en question
Je rentre dans l'échoppe, appelée Barrique (déjà je pars avec un a priori positif), accompagné de mon interprète (merci Nele ;)).
Quelques observations dès mon entrée : beaucoup de "fontaines" à différents alcools, un fût qui trône au milieu de la pièce et une absence de bouteilles de ma connaissance.
Après avoir salué le maître des lieux, il nous explique sa démarche : il importe des fûts de plusieurs alcools et les vieillit une année supplémentaire dans des fûts à lui en Allemagne (ce qui lui permet d'ailleurs d'apposer sur ses bouteilles une étiquette avec indiqué "Whisky von Herne" par exemple).
Je lui demande donc ce qu'il a comme rhum et il en a de plusieurs pays : Jamaïque, Martinique, Guyana... Et il se trouve qu'il a une bouteille du Guyana d'ouverte. Certes il était 10h00 du mat, mais ça ne m'a pas empêché d'accepter son offre de dégustation et puis après tout, on dit que le matin est le meilleur moment pour ça étant donné que les aliments de la journée n'ont pas encore pur avoir une influence sur le goût.

Bref, je déguste donc et j'aime bien. Il a cette saveur de poudre à canon/pierre à fusil que j'apprécie beaucoup, il est boisé et sec. Je décide donc d'acheter la bouteille et il me dit ensuite qu'il a aussi une version brut de fût mais malheureusement pas disponible à la dégustation. Je me suis beaucoup tâté et ai finalement décidé de ne pas la prendre, vu que je n'avais pas pu la goûter (oui je pense avoir été un peu bête sur ce coup).

Pour la petite anecdote, il avait aussi une soixantaine de bouteilles de whisky qu'il était certain de toutes vendre le jour même, et ça été le cas.

"Gold of the caribbean inside", mouais...

Peu de temps après être rentré sur Paris, j'ai ouvert la bouteille et j'ai été un peu moins emballé mais sans être vraiment déçu non plus. Deux semaines après je fais un sample (échantillon dans une petite fiole de 5 cl) pour un pote amateur de whisky. Le lendemain il me rapporte la fiole à moitié pleine, en me disant qu'il n'a pas pu la finir tellement il était soufré à tendance œuf dur, ce qui m'a franchement surpris.

Le soir même, je rentre chez moi et je déguste une nouvelle fois ce rhum allemand, comme pour contredire les critiques entendues dans la journée...

...pour avoir, malheureusement, pas mal de souffre.

mercredi 25 juin 2014

"- Oh, juste une dédicace. - Vous voulez pas un rhum d'abord ?"

Samedi 19 avril, week-end de Pâques, météo variable.

Nous recevons quelques jours à la maison ma belle sœur et son mec. Ce samedi le plan c'est shopping du côté de rue de Rennes. Et là, assez naturellement, vous vous dites "Ah ben voilà une super journée en perspective !", je vous sais adeptes de l'ironie :p
Mais détrompez-vous, c'est également aujourd'hui qu'Alexandre Vingtier va dédicacer son livre 101 rhums à découvrir chez Christian de Montaguère. Là pour ceux qui connaissent un peu le coin, vous voyez tout de suite la proximité géographique entre la rue de Rennes et la Mecque de l'art de vivre aux Caraïbes.
Tout le monde se met d'accord sur les activités de l'aprem et je me retrouve seul (enfin pas vraiment puisque, comme vous vous en doutez, mon fils est là dans son véhicule de prédilection, également appelé "la charrette à rhum" :D).
Je suis juste censé aller à la boutique, acheter un exemplaire du bouquin, me le faire dédicacer et rejoindre les autres. Et moi-même je suis convaincu que ça va se passer comme ça. Quel naïf...

Je parcours les quelques centaines de mètres jusqu'au lieu de la dédicace et arrive à destination.
"Bonjour, ça va bien ?
- Oui et toi ? Et là-dedans ça va ? (s'adressant à Jonah dans la poussette)
- Bien, merci. Il est en haut pour la dédicace Alexandre Vingtier ?
- Heu ben non, il arrive d'ici une bonne heure théoriquement."

Et merde... Ben évidemment qu'il y avait un horaire ; il allait pas arriver à l'ouverture du magasin et rester là toute la journée à attendre les intéressés non plus.

"Ah ok, zut. Bon je vais peut-être pas attendre une heure quand même, surtout sil il a un peu de retard. Je repasserai à 16h00 pile, à tout à l'heure."

Après donc une petite pause shopping, je reprends le chemin de chez Christian et Jerry ^^

"Rebonjour, c'est encore moi.
- Il de devrait plus tarder, tu ne veux pas déguster un truc en attendant ?
- Ah ben si vous me prenez par les sentiments."
Et c'est parti :)

Plus d'agricole !
A cette époque, j'avais déjà un bon pied dans le rhum agricole et j'étais en phase découverte (j'y suis toujours à vrai dire). De plus, les médailles de Rhum Fest avaient été attribuées peut de temps auparavant et j'avais bien envie d'essayer le HSE V.S.O.P. et ses 4 ans syndicaux. On y ajoute le Depaz V.S.O.P. (mais de 6 ans quand même), on nous voilà avec, entre autre, ces deux bouteilles-là à déguster.

Bon, je ne me souviens même pas les autres que j'ai goûtées ce jour-là et c'est avec ces deux rhums que je suis reparti à la maison. Le Saint Etienne n'est pas encore ouvert (HSE = Habitation Saint Etienne), mais je me rappelle d'un bon équilibre entre le fût et le jus de canne et ça pour un prix abordable (46€).
Le Depaz, lui, m'a plus intrigué. J'ai retrouvé le côté très végétal et jus de canne qui m'avaient beaucoup plus sur le XO de la même maison, à tel point qu'en essayant de faire une comparaison entre celui que j'avais devant moi et celui à la maison (tout ça à l'intérieur de ma tête, si si, il s'en passe des choses là-dedans !), la différence ne m'a pas sautée aux papilles. Ce n'est que plus tard lorsque je les dégustais l'un à la suite de l'autre que j'ai pu apprécié le côté plus rond et moins "brut" du XO (mais ça reste de Depaz ! - dit-il de son air du gars qui peut lâcher ce genre de phrase en se disant que tout le monde comprend :D). Ce face to face m'a permis de faire encore plus monter le Depaz XO dans mon estime, c'est vraiment un très beau rhum. Il va falloir que je me renseigne sur leur très très haut de gamme moi !

N'oublions pas pourquoi je suis là : 101 rhums à découvrir.
Alexandre Vingtier arrive avec sa petite valise à roulettes et après avoir salué les personnes présentes, va s'installer à t'étage, dans l'espace "lounge".
Jerry se propose très gentiment de s'occuper de Roudoudou pendant que je vais au premier afin de pouvoir rencontrer l'auteur. Jerry a trouvé une bonne technique : rendre mon fils addict aux tuiles de coco :D

Je monte donc et me présente brièvement, Alexandre me demande un peu ce qu'il peut écrire et je dois avouer être en manque d'inspiration, en plus, même si le petit est entre de bonnes mains, ça fait bizarre de ne pas être avec lui. Je cherchais donc un truc pas trop con à dire tout en étant un peu stressé et pressé par le temps, et c'est là qu'est né "l'homme à la poussette" ou en tout cas, son nom :)
L'homme à la poussette est né :)

vendredi 20 juin 2014

L'exploration continue - Partie 2

Nous revoilà donc en ce début d'année 2014, pour retracer mon parcours sensoriel :)


Je vous avais laissé sur ma découverte du rhum blanc.

S'en ai suivi une période où j'étais à la recherche de sensations fortes et donc de bruts de fûts.
L'habituelle formule prononcée en arrivant chez A'Rhûm :
"Je cherche un un brut de fût qui soit atypique."
Ils m'avaient déjà joué la carte Caroni quelques semaines auparavant, il a donc fallu trouver autre chose.
Mieux vaut être préparé !
Aurélien me parle alors d'une bouteille qu'il apprécie particulièrement et qui en effet répond parfaitement à mon envie du jour. J'essaye quelques rhums et en arrive à la bouteille en question : le Fijian 9 ans de chez Berry Bros (embouteilleur anglais plus connu pour ses whiskys). Déjà, un rhum des Fidji, jamais goûté jusque-là, je suis donc déjà intéressé.
Il me verse un verre. Au nez, tout sauf de la douceur ; l'alcool est présent, il a quelque chose de floral sur le capiteux ; sont également assez présentes des notes d'encaustique (oui ça fait pas forcément rêver je sais) et un côté minéral. Bref, compliqué, intéressant, pas très flatteur et puissant.
En bouche, c'est du costaud ! Le nez nous le laissait présager, ça se confirme, et pas qu'un peu.
Il y a beaucoup de choses à décoder, une fois la puissance de l'alcool atténuée - personnellement je serais bien dans l'embarras si je devais faire des notes de dégustation sur ce rhum. Ce que je peux dire c'est que la complexité et l'évolutivité sont ses grandes forces (bien sûr le côté brut de fût vient accentuer ces traits). Pour ne rien gâter, le final est très long et plus doux.
C'est un rhum à boire avec parcimonie. Ma bouteille se vide lentement, il faut que je sois d'humeur adéquate pour le boire et dans ces moments-là j'ai toujours autant de plaisir à le déguster.

Ça c'est fait !


Mais ça n'a pas étanché ma soif (haha) de sensations fortes. Deux semaines plus tard, je vais chez Christian de Montaguère. C'était ma deuxième visite des lieux.
Avant de passer à mes achats du jour, laissez moi vous parler un peu de cette boutique.
Première chose qui saute aux yeux : c'est spacieux !
Ne serait-ce que du fait qu'elle soit sur deux étages (rhums vieux et gastronomie antillaise au rez-de-chaussée, rhums blancs, rhums arrangés, produits de beauté - uniquement des caraïbes - et livres au premier étage) aide à rendre l'endroit plus aéré. Heureusement que les rhums vieux sont au rez-de-chaussée, parce qu'avec la poussette, pas évident de monter ^^
Le lieu porte bien son nom : "Christian de Montaguère - L'art de vivre aux Caraïbes". Il est très agréable d'y aller pour le rhum et d'en ressortir non seulement avec une bouteille (voire plus, selon la capacité de chargement de la poussette :D) mais aussi avec un livre, une boite de pâtes de fruit (que je recommande chaudement) ou encore un petit pot de pâte de piment, le tout sur fond de musique des îles.
Je reviendrai sans doute plus longuement sur cette boutique dans un futur article.


Me voici donc pour la seconde fois dans le temple des produits caribéens. Première chose : cela fait plaisir d'être reconnu (bon la poussette doit aider là aussi :)) et d'être traité comme un habitué dès sa deuxième visite.
Je commence par regarder les bouteilles en exposition. J'aime toujours me livrer à ce petit exercice, pour le plaisir des yeux mais surtout pour apprendre.
Rapidement on me demande si j'ai besoin de renseignements. Il se trouve que quelques jours auparavant j'avais lu plusieurs articles sur la marque l'Esprit et que ce que j'en avais lu m'intriguait beaucoup : un embouteilleur indépendant français (basé à Rennes) qui fait chacun de ses rhums en deux versions, brut de fût et réduit à 46° (oui ça reste raisonnable :)). Si vous vous souvenez, j'ai pu le rencontrer, ainsi que son épouse, lors du Rhum Fest et ça n'a fait qu'encore accroître mon engouement pour cette marque !
"Fumé"
"Sucré"
Je demande donc si les bouteilles de cette marque sont en dégustation (je savais qu'elles étaient en vente, les ayant vu sur les étagères). Bonne nouvelle : c'est le cas de trois d'entre elles en brut de fût.
Je goûte donc l'Epris du Brésil, qui non sans être intéressant, n'était pas dans mon envie de puissance du moment, étant trop léger et d'une certaine manière, trop frais. Je passe ensuite au Don José du Panama : un équilibre très intéressant entre l'alcool et le côté sucré, je prends ! Et enfin, le Black Rock (rien à voir avec World of Warcraft) de la Barbade. Une surprise m'attend et elle me saute à la figure dès que j'hume le liquide doré : il se dégage de ce rhum des notes fumées. Ce n'était définitivement pas quelque chose avec lequel j'étais familier sur des rhums ; sur des whisky oui mais pas sur des rhums. Cet aspect "tourbé" se confirme en bouche. Un truc que je ne connais pas, intéressant et agréable, pas le choix : je prends !
Un peu pareil que le Fidjian : je dois être dans les bonnes conditions pour le boire et quand c'est le cas, c'est le pied :)

Résultat des courses : trois bruts de fût en deux semaines. Bien ça !


Nous voilà fin février et deux achats pointent encore le bout de leur nez.
Retour chez A'Rhûm.
Après les politesses, nous en venons aux questions traditionnelles : envie du jour et budget.
"Je voudrais essayer des rhums différents que ce que j'ai actuellement à la maison, sur des prix aux alentours de 50€".
Il faut que j'essaye le haut de gamme
Ce jour-là j'ai pu essayer beaucoup de choses différentes (c'était un peu l'idée faut dire ^^).

Pour commencer le Chamarel V.O. Mon second rhum de l'Île Maurice, le premier était le New Grove 8 ans qui m'avait laissé un bon souvenir. Rétrospectivement, je ne sais pas trop pourquoi j'ai acheté cette bouteille :D Ou plutôt, si, je sais pourquoi mais je n'estime pas que ce fut une bonne raison. Je venais de faire la connaissance du rhum agricole et je voulais en savoir plus mais sans vraiment me lancer complètement. Or ce rhum est un agricole, mais à double distillation, ce qui a tendance à modifier le goût et à masquer, sinon à supprimer, les caractéristiques gustatives particulières des rhums réalisés à base de vesou. Rester le cul entre deux rhums n'a rien amené de bon, ni de mauvais à vrai dire ; ce Chamarel n'est juste pas franchement à mon goût, ce qui ne m'empêche pas de vouloir goûter les versions vieillies plus longuement.
Il va falloir que je l'ouvre ^^


Le même jour et dans un autre style un rhum Jamaïcain de l'embouteilleur indépendant Renegade. Maison britannique plus spécialisée en whiskys mais qui s'est frottée à un certain nombre de rhums avec succès. Mes souvenirs sont désormais assez lointains comme je n'ai toujours pas ouvert cette bouteille. Mais mes notes de dégustation (ben oui, parce que je prends des notes de dégustation et elles s'avèrent très utiles, je conseille tout le monde qui se lance dans ce genre d'aventure de faire de même, dès le début) de l'époque indiquent : fruité, pierre à fusil et légèrement fumé. Je dois dire que sur le papier, si en effet ces arômes sont là, alors il va drôlement me plaire et confirmer mon impression lors de mon achat. Je vous tiendrai au courant :)


Et pour finir, une bouteille que j'ai terminée très récemment : le Mount Gay Extra Old de la Barbade.
Juste bien :)
Alors non, les petites malins au sens de l'humour discutable, je vous arrête tout de suite, ça n'a rien à voir avec deux cow boys isolés sur une montagne.
Mount Gay et la plus ancienne marque de rhum encore en activité (depuis 1703 au moins) dans le monde. Leur gamme est composée de 5 rhums : le Silver (leur rhum blanc), l'Eclipse (bonne base à cocktail selon moi), le Black Barrel (que j'avais pu goûter au rhum Fest et qui ne m'avait pas laissé une grande impression avec un goût de banane trop présent), l'Extra Old et enfin le 1703 (leur haut de gamme pour un peu plus d'une centaine d'euros la bouteille).
C'est le côté classique mais sec qui m'a plu chez le Extra Old, on y retrouve des arômes boisés mais sans le sucre présent sur beaucoup d'autres références. De plus, il plait aussi beaucoup aux gens qui ont déjà un pied dans les spiritueux mais qui ne connaissent pas le rhum en particulier.
Un confrère amateur me disait récemment qu'il trouve ce rhum un peu écœurant à terme ; d'un certain côté je suis d'accord et je recommanderais de ne boire que de très petits verres. Je ne pourrais pas passer la soirée juste avec cette bouteille. En revanche boire un ou deux centilitres de ce rhum parmi d'autres, alors là je dis oui !

dimanche 15 juin 2014

L'exploration continue - Partie 1

Chers lecteurs,

Vous avez déjà pu suivre une partie de aventures et découvertes rhumesques lors de mes précédents articles.
Une chose sur laquelle j'ai insisté (et vous feriez mieux de vous y faire, c'est pas près de s'arrêter :p) est l'évolution de mon goût et de mes goûts. En commençant par des traditionnels sucrés, puis des traditionnels moins sucrés et plus boisés, puis des bruts de fûts toujours traditionnels et enfin des agricoles (blancs et vieux). J'insiste sur le fait que ça ne veut pas dire que je ne bois désormais que des agricoles, loin s'en faut. Je pense être à peu près sur du 50/50 traditionnel, agricole dans mes achats à l'heure actuelle.

Après mon anniversaire et la multiplication par deux de mes demerara de chez Velier, je suis passé par une phase, que j'appellerais, de diversification. A cette période, je ne suis pas encore versé dans les agricoles, qui restent exceptionnels dans la cave. Cela ne m’empêchera pas de découvrir et de tester beaucoup de choses sur cette fin d'année 2013 et début 2014.

Vide, comme quoi elle est pas si mal :)
Le mois de décembre a vu l'acquisition de quatre bouteilles très éloignées les unes des autres.
Je me souviens qu'après être passé à des choses plus sèches (moins sucrées), j'avais à nouveau envie de me procurer un rhum gourmand. Je suis donc passé chez mon caviste (je n'en avais qu'un à l'époque), A'Rhums avec les indications suivantes pour aider les profilers que sont Freddy et Aurélien :
"Bonjour, j'aimerais un rhum gourmand mais qui s'éloigne un peu des arômes classiques."
Après quelques dégustations, je suis reparti ce jour-ci avec le Diplomatico single vintage 2000. Alors oui, je sais, Diplomatico... J'ai développé une certaine allergie à cette marque - assez bêtement je dois dire - avant même d'avoir goûté leurs produits, cette sorte de réaction épidermique que je peux avoir lorsqu'on parle d'un produit qui devient extrêmement populaire et qui a beaucoup de succès. En effet, par défaut, j'ai tendance à prendre la position opposée, sans réelle raison. Bref, cette bouteille était la première de leur gamme que je goûtais et elle répondait parfaitement à mes attentes du moment (sucré sans être écœurant tout en étant assez équilibré et long).
En passant, j'ai d'ailleurs pu goûter plus récemment le "fameux" Reserva exclusiva, trouvable absolument partout et sans grande surprise je l'ai trouvé trop sucré. Il est facile d'abord et il n'est pas bien compliqué de comprendre pourquoi il rencontre ce franc succès.
En revanche, je ne comprends toujours pas comment un collègue à moi me disait récemment être un amateur de whisky et trouver ce rhum à son goût. J'ai l'impression qu'il est aux antipodes de ce qu'un amateur de whisky peut aimer, mais je ne m'y connais que très peu en whisky.


Mon premier mais pas le dernier !

Après ce retour aux sources, j'étais mûr pour essayer de nouvelles choses. Et c'est deux semaines plus tard, que j'ai fait la connaissance de l'univers des Caroni.
"Bonjour, j'aimerais un rhum qui n'a rien à voir avec tout ce que j'ai pu goûter jusqu'alors mais tout en restant sur du traditionnel et de la puissance."
Aurélien ma dirigé ce jour-là vers ces rhums très lourds de Trinidad, en me précisant qu'il s'agit de rhums Velier (il sait me prendre par les sentiments le bougre !). Je déguste donc et me rend compte que cela répond totalement à ma requête du jour : quelque chose de différent. Et comment !
Honnêtement, je ne peux pas dire que ce soit ma tasse de thé. Ma bouteille est encore pleine aux 3/4 et n'est pas prête d'être finie. Cependant je suis quand même reparti avec, pour au moins avoir un Caroni dans ma cave, je pense que c'est un must. Pour vous donner une idée, les Caroni développent des arômes de cuir, pneu, tabac, hydrocarbures... Oui c'est différent :)
Depuis j'ai eu l'occasion d'en goûter d'autres (de chez Velier et de chez Bristol Classics) et je dois avouer qu'ils m'ont plus plu, avec un côté moins monolithique, "prends ça dans ta gueule". Sans doute donc une piste à explorer, mais il faudrait que je fasse ça vite, vu que les stocks réduisent dangereusement.
Et de 5 !



La suivante n'est pas super originale mais a eu le mérite d'augmenter mes stocks de demerara : le Diamond 1996 (ben oui de chez Velier...). Il s'agit du 16 ans et non du 15 ans ; ouais parce que pour faire simple ils ont sorti deux Diamond 1996, c'est sûr ça aide :P Bref un demerara plus vanillé que les autres, mais qui présente toujours les mêmes qualités dont j'ai déjà parlé : un boisé qui se mêle bien aux arômes du rhum, une puissance et une longueur en bouche impressionnantes. Je ne sais même plus ce que j'ai demandé ce jour-là en arrivant à la boutique, de toute manière j'ai dû me laisser écarter du droit chemin par leur vitrine de bouteilles de collection où ce trouvait ce Diamond ^^
Mon premier amour agricole




Il y a ensuite eu cette fameuse première bouteille de rhum agricole décrite dans un autre article : le Depaz XO, un petit bijou. Pour ce qui est de ma demande du jour, je n'avais certainement pas demandé de l'agricole mais ça ne m'a pas empêché de partir avec !



Le mois de janvier verra deux éléments importants dans mon histoire du rhum : mes premières bouteilles de rhum blanc (et j'ai pas commencé par n'importe quoi comme vous allez le voir) et ma découverte de la boutique de Christian de Montaguère !

Du potentiel dans ces clairins

Les rhums blancs... Je les avais toujours imaginés juste bon à faire des cocktails et autres rhums arrangés, bon ben sans grande surprise j'avais tort. Certains sont faits pour ça et d'autres sont élaborés dans un esprit de dégustation. Vous allez penser que je fais vraiment un blocage sur Velier (ou vous n'aurez pas tort) mais ce sont des produits de chez Velier qui m'ont fait me rendre compte du potentiel des rhums non-vieillis (la couleur ambrée des rhums vient de leur temps passé en fût - vieillissement - et parfois de l'ajout de caramel).

Le premier alcool blanc de canne à sucre à s'être retrouvé dans ma cave a été le clairin Sajous d'Haiti. C'est un clairin élaboré à partir de jus de canne et non de mélasse, un agricole d'une certaine manière donc, et non un rhum, mais je dois avouer que la différence est très mince : un temps de fermentation du vesou plus long puisqu'il peut atteindre jusqu'à une douzaine de jour alors que la plupart des rhums ont un temps de fermentation du jus de canne environ de 48h.
Gargano + Capovilla = succès


Peu de temps après j'ai pu déguster et être séduit par le Rhum Rhum PMG, qui s'est donc également retrouvé sur mes étagères. Il s'agit de la version non vieillie du superbe Libération 2010, puis 2012 (et bientôt 2014).
Comme pour les autres rhums, nous avons le choix pour les blancs entre traditionnels et agricoles. Et là, autant pour les rhums vieux, je me peux trouver mon bonheur dans les deux familles, autant pour les rhums blancs, ma préférence va sans conteste aux agricoles, qui sont plus riches et intéressants. De manière générale ils sont bien plus végétaux en bouche, ils sont frais et épicés et présentent (naturellement) les arômes du jus de canne.








To be continued...


dimanche 8 juin 2014

Donner un peu plus de crédit à l'agricole


Le rhum agricole et moi ça n'a pas toujours été une histoire d'amour.

Avant de vous parler de cette tardive idylle, un rapide rappel sur ce qu'est le rhum agricole, par opposition au rhum traditionnel (je ne vais pas énumérer toutes les sous catégories).
Commençons par dire que l'un comme l'autre sont fait uniquement à base de canne à sucre (si on met des côtés de potentiels ajouts, par exemple de caramel, pour influencer la couleur), mais il y a une différence de taille.

On a d'un côté le rhum traditionnel (souvent également appelé industriel - pour moi ces deux mots sonnent contradictoires d'ailleurs, mais bon), c'est le rhum qui est fait à base de mélasse, sous-produit de la production de sucre. Vous récoltez votre canne, vous faites votre sucre et il vous reste un truc : la mélasse ; c'est ce produit qui va être distillé et donner votre rhum traditionnel. Historiquement la distillerie était souvent rattachée à une sucrerie mais bien souvent, la sucrerie attenante ne suffisait plus à fournir la distillerie qui devait alors acheter des mélasses à d'autres sucreries (voire à d’autres pays). Certaines distilleries ne sont d'ailleurs absolument pas rattachées à une usine sucrière et doivent donc importer l'intégralité de leur matière première.
La canne à sucre produit donc deux sources de revenus : le sucre et le rhum.

De l'autre côté, nous avons le rhum agricole. Ce dernier est directement fait à partir du jus de la canne à sucre, le vesou (hop nouveau mot pour briller en société ;)). Ici la canne est donc cultivée avec pour unique usage la fabrication de rhum. Rien d'étonnant donc à ce que le goût soit différent, et pas qu'un peu ! Cette catégorie est très peu représentée dans le monde : Martinique, Guadeloupe, Île de la Réunion, Île Maurice, Guyane Française, Haïti, Brésil ; je ne crois pas en avoir oublié. J’ajouterais, même si c'est un peu simplifié, que le Brésil est surtout connu pour la Cachaça et Haïti pour ses clairins (et Barbancourt), qui a dit Velier ?
Depuis 8 ans, il existe également une appellation d'origine contrôlée, qui concerne uniquement les rhums de Martinique élaborés en accord avec les critères (très stricts) de cette AOC. Il a quand même fallu 20 ans de démarches pour faire voir le jour à cette appellation, c'est pas n'importe quoi, mais malheureusement, les consommateurs ne sont pas toujours au courant et on peut s'interroger sur les retombées positives de cette AOC sur les rhums de Martinique. Cela vaut-il vraiment le coup ? Personnellement je pense que oui, c'est le témoignage d'un sérieux et d'une exigence qui doivent être salués.
Il est à noter que la production de cette variété de rhum représente grosso modo (les chiffres varient selon les sources) entre 5% et 10% de la production de rhum dans le monde. Non, ça fait pas lourd et on a bien de la chance d'être français ! :)

Bon voilà, l'homme à la poussette remballe ses lunettes et son air de Monsieur je sais tout.


Oui, la bouteille est vide, c'est bon signe :)

Je crois que mon problème avec les rhums agricoles ça a été les mauvais rhums blancs (vous savez les trucs de supermarchés mélangés à des mauvais jus de fruits qui vous donnent mal au crâne le lendemain, et là je reste soft :P) bus en soirées durant ma jeunesse, depuis quelques années révolue. J'ai associé les mauvais rhums à un arôme précis, que malheureusement j'ai "longtemps" retrouvé dans les rhums agricoles - non, amateurs et défenseurs des rhums agricoles, ne me jetez pas tout de suite des fruits pourris, j'ai changé !
Par contre je n'ai jamais bien compris comment le changement s'est opéré. J'ai persévéré et ai continué à goûter des rhums agricoles de temps en temps, mais sans succès, jusqu'au jour où, en visite chez A'Rhum (oui ils ont fait beaucoup pour moi et pour l'intérêt de mon fils pour les poissons rouges :)), après avoir dégusté quelques traditionnels, Freddy m'invite à essayer le Depaz XO. Alors là en même temps, il n'a pas attaqué avec n'importe quoi le Freddy, cette bouteille reste un de mes rhums préférés, tout simplement (bon, ma bouteille est terminée, il va falloir se réapprovisionner). Et là je suis sur le postérieur, abasourdi. Un agricole sans ce "truc agricole" qui jusqu'alors me dérangeait. Pour être plus précis, je le sentais toujours (mais moins) et je le trouvais intéressant.
Je ne sais plus dans quel état j'erre, et presque sans m'en rendre compte, voilà que je repars avec la bouteille.
BIM ! Mon premier rhum agricole, le premier d'une série qui ne cesse, depuis, de s'agrandir.


Si je devais essayer d'identifier les principales différences gustatives entre les deux types de rhum décrits plus haut, voilà ce que je dirais :
- Les rhums agricoles sont souvent plus secs, végétaux et épicés que les rhums traditionnels.
Ma première chez l'Esprit
- Les rhums traditionnels sont souvent moins secs, végétaux et épicés que les rhums agricoles. Comment ça, c'est pas drôle ? Bon ok, les industriels sont souvent plus doux (si ce n'est sucré), sur des arômes de vanille et de caramel, et du coup sans doute plus abordables. Oui c’est sommaire et réducteur, mais j’essaye vraiment de parler d’une majorité, de cette majorité qui remporte tant de succès.

Attention, bien que j'ai maintenant appris à aimer les rhums agricoles, je n'en dénigre pas les rhums traditionnels pour autant. Quoi ? Qui a encore dit Velier ? Mais pas seulement les Demerara de chez Velier, non, là par exemple je déguste un Don Jose brut de fût du Panama de chez L'Esprit et je ne m'en porte pas plus mal ;)

Je ne sais donc pas ce qui a déclenché ce changement de cœur mais je suis bien content d'avoir pu agrandir mon éventail de recherche de rhums et d'avoir étendu mon champ des possibles !